Définir l’islamophobie et ses manifestations politiques après les attentats de « Charlie Hebdo »

Ills.: UK Human Rights Blog

Résumé

Cet article examine les difficultés rencontrées par les définitions contemporaines de l’islamophobie, notamment celle de l’influent rapport Runnymede, face aux réactions des responsables politiques européens aux attentats de janvier 2015 à Paris. L’application de la méthode d’analyse du discours politique (ADP) à ces réactions souligne leur ambiguïté eu égard aux définitions contemporaines de l’islamophobie, et justifie de les affiner.

Mots clés
Islamophobie, rapport Runnymede, attentats de Charlie Hebdo, Union européenne, populisme.

Cet article est la version traduite et condensée de: Bogacki Mariusz, de Ruiter Jan Jaap et Sèze Romain, Defining Islamophobia and its socio-political applications in the light of Charlie Hebdo attacks in Paris, Rozenberg Quartely, 2019. URL: 
http://rozenbergquarterly.com/the-charlie-hebdo-attacks-in-paris-defining-islamophobia-and-its-socio-political-applications/

Introduction
L’étude des réactions de peur ou d’hostilité à l’égard de l’islam et des musulmans a connu un tournant avec la publication du rapport Islamophobia : a challenge for us all (Runnymede Trust, 1997 et 2016), par la Commission on British Muslims and Islamophobia, créée par le Runnymede Trust (groupe de réflexion indépendant). Cette étude pionnière propose d’identifier les causes et manifestations de l’islamophobie, définie comme « une hostilité non fondée envers l’islam », une « crainte ou [une] haine de l’islam, et donc […] la peur ou l’aversion des musulmans ou de la plupart d’entre eux » (Runnymede Trust, 1997, 1), et les « conséquences d’une telle hostilité en matière de discriminations […] et d’exclusion des activités politiques et sociales » (idem, 4). Les auteurs opèrent cependant une distinction fondamentale entre « la peur phobique de l’islam [qui] caractérise des attitudes fermées, et les désaccords et critiques légitimes [qui] caractérisent des attitudes ouvertes » (idem, 4). Cette distinction repose sur huit clivages dans la façon d’appréhender l’islam et les musulmans : uniformité/diversité, séparation/interaction, infériorité/différence, adversité/partenariat, manipulation/sincérité, rejet/considération de la critique de l’Occident, justification/réprobation des discriminations, justification/réprobation de l’islamophobie (idem : 5).

Bien que ce rapport demeure une référence, il a commencé à être vigoureusement critiqué dix ans après sa publication, en particulier pour cette distinction entre « attitudes fermées » et « ouvertes ». Cette binarité tend à résumer l’attitude envers l’islam et les musulmans à de l’islamophilie ou à de l’islamophobie, tout en objectivant par effet de miroir des représentations symétriquement opposées de musulmans « bons ou mauvais », quoiqu’il en soit essentialisés, (Allen, 2010, 76). « L’islamophobie ne peut être déterminée et définie par le “type” de musulmans qui en sont victimes. Elle doit aller plus loin et tenir compte de la reconnaissance d’un “caractère musulman” réel ou perçu », car cette approche réduit l’islamophobie à un « phénomène à la fois trop simpliste et largement superficiel, défini davantage par les caractéristiques des victimes que par la motivation et les intentions des auteurs » (idem, 79-80). Or, cette approche néglige ce faisant l’existence d’un angle mort : il existe en effet des préjugés qui ne procèdent pas d’attitudes « fermées », mais qui sont la conséquence de différences de cultures, de représentations du monde et de valeurs. Les musulmans qui ne se laissent pas réduire à cette binarité sont ainsi exclus de ce traitement de l’islamophobie, et peuvent de ce fait devenir les victimes oubliées du phénomène.

Les analyses de Chris Allen invitent à considérer de nouveaux aspects des manifestations de l’islamophobie, toujours plus ambigus et complexes après le 11 Septembre, comme l’illustrent les débats contemporains sur  le niqab, le multiculturalisme et les processus d’intégration religieuse et culturelle en Europe. À sa suite, divers chercheurs ont alors souligné les limites du rapport Runnymede, et proposé des alternatives. Deepa Kumar (2012, 2) et Ibrahim Kalin (2011, 11) se concentrent davantage sur la dimension racialisante du phénomène. Tahir Abbas (2011, 65), Nathan Lean et John Esposito (2012, 13) en analysent les aspects phobiques. Mohamed Nimer (2011, 78), Hedvig Ekerwald (2011) et Tahir Abbas (2011) s’intéressent aux caractéristiques culturelles et religieuses de l’islamophobie. Même Chris Allen (2010, 190) a tenté de proposer une définition alternative qui, si exhaustive soit-elle, présente une longueur et des incohérences telles qu’elle s’avère peu opérationnelle. Jocelyne Césari (2011) est sans doute celle qui acte le plus précisément ces difficultés. Elle souligne que le terme « islamophobie » est contestable parce qu’il est souvent « appliqué de manière imprécise à des phénomènes divers, allant de la xénophobie à l’antiterrorisme. Il regroupe toutes sortes de discours et d’actes en suggérant qu’ils émanent tous d’un même noyau idéologique, issu d’une peur irrationnelle (phobie) de l’islam » (idem, 21). C’est donc l’ambiguïté du terme permise par sa généralité qui rend impossible son application aux phénomènes divers qui peuvent naître des préjugés à l’égard de l’islam, mêlant préjugés et idéologies politiques variées.

Ces débats ont justifié une actualisation du rapport Runnymede, vingt ans après sa publication en 1997, dans l’objectif « d’améliorer la précision et la qualité des débats, ainsi que des politiques publiques pour lutter contre l’islamophobie » (Elahi, Khan, 2017, 1). Sur la base des réactions au rapport Runnymede, le groupe de réflexion en propose deux nouvelles définitions. La première, abrégée, définit l’islamophobie comme un « racisme antimusulman ». La seconde, plus détaillée, la définit comme « toute distinction, exclusion, restriction ou préférence à l’égard des musulmans (ou perçus comme tels) qui a pour objet ou pour effet d’annuler ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice, sur un pied d’égalité, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel ou tout autre domaine de la vie publique » (ibid.). Certains contributeurs à ce rapport ont également questionné la pertinence du terme « islamophobie ».

Après avoir discuté de notions de « racisme antimusulman », « préjugés antimusulmans » et « discriminations antimusulmans », Shenaz Bunglawala conclut à la nécessité de conserver le terme « islamophobie » pour deux raisons. Premièrement, il ressort des contenus médiatiques (britanniques) que le terme « islam » a plus souvent une charge péjorative que le terme « musulman », « plaçant ainsi l’appartenance perçue à un groupe au cœur de ces stéréotypes » (Bunglawala, 2017, 70). Deuxièmement, « adopter une terminologie centrée sur la victime (i.e. sur le « musulman » et non sur « l’islam ») risquerait de mener la lutte contre l’islamophobie à manquer sa cible et à oublier de prendre en considération le contexte favorable à l’uniformisation des représentations sur l’islam et les musulmans ». À revers des autres contributeurs, Shenaz Bunglawala argue en faveur de la pertinence de la dichotomie opposant attitudes « ouvertes » et « fermées », notamment au regard de la définition de l’islamophobie comme « racisme antimusulman » : « à une époque où les termes “islam”, “islamique”, “islamiste extrémiste” et “islamiste” sont fréquemment chargés de connotations péjoratives, est-il si étonnant que “l’islamophobie” conserve son pouvoir de nommer l’objet de la haine ? » (idem, 72).

Il ressort de ces débats qu’il est nécessaire de se départir des prénotions sur les victimes a priori pour examiner la pertinence des définitions de l’« islamophobie » au regard des manifestations qu’elles recouvrent dans un contexte donné. Sachant qu’elles ont crû tout en se complexifiant après le 11 Septembre, dans quelle mesure la résurgence du djihadisme depuis le milieu des années 2000 en Europe et les réactions qu’elle suscite interrogent-elles la pertinence de ce terme ? Afin d’apporter des éléments de réponse à cette question, seront examinées les réactions des responsables politiques européens à des attentats djihadistes qui les ont récemment tous interpelés : ceux de janvier 2015 à Paris. Ces évènements ont en effet concouru à renforcer les discours et pratiques discriminantes à l’endroit des musulmans dans l’Union européenne (Foundation for Political, Economic and Social Research, 2016), tout particulièrement dans le contexte des débats sur la radicalisation où les populations musulmanes font facilement figure d’ennemi intérieur (Baker-Beall et al., 2015 ; Ragazzi, 2016). Les réactions des responsables politiques à ces attentats sont en effet propres à faire apparaître les ambiguïtés liées à l’appréhension contemporaine de l’islamophobie, donc à inviter à réviser sa définition d’une part, et à réfléchir à ses implications sur les plans politique, législatif et social d’autre part.

Après avoir décrit la méthodologie appliquée pour construire le corpus des discours et les analyser (1), seront présentés les résultats de l’analyse du discours politique (2), avant de conclure par des propositions visant à cerner plus pertinemment les discours discriminatoires à l’endroit de l’islam et des musulmans.

I/ Méthodologie
Le 7 janvier 2015, Chérif et Saïd Kouachi, deux frères français d’origine algérienne, âgés de 32 ans et 34 ans, se rendent dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo. Ils abattent un homme de la maintenance, puis un policier chargé de la protection de Stéphane Charbonnier (journaliste condamné à mort par al-Qaïda), neuf journalistes qui assistent à la conférence de rédaction hebdomadaire, et, dans leur fuite, un autre policier. Les terroristes ont revendiqué avoir « tué Charlie Hebdo » en représailles aux caricatures du prophète Mohammed, et avoir agi au nom d’al-Qaïda au Yémen qui a revendiqué l’attentat (al-Qaïda au Maghreb islamique a par ailleurs salué les « chevaliers de la vérité »). Amedy Coulibaly, Français d’origine malienne, 32 ans, s’est dans le même temps livré à plusieurs attaques. Il est suspecté d’être l’auteur de l’explosion d’une voiture à Villejuif (Val-de-Marne), le 08 janvier. Le même jour, il abat une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine), et blesse un agent de la voirie. Le lendemain, il prend en otage vingt-trois clients du magasin Hyper Cacher à Paris, tue quatre personnes et fait neuf blessés. Dans une vidéo diffusée post-mortem sur Internet, il revendique avoir agi au nom de l’État islamique, en coordination avec les frères Kouachi. Les assassins ont été tués lors des interventions des forces de l’ordre.

Si des violences de cette nature ont toujours des retentissements dans le débat public, ceux suscités par cet événement furent sans précédent en France. Le fait qu’ait notamment été visée la rédaction d’un journal accusé de blasphème disposait à un cadrage particulier : une attaque contre la « liberté d’expression », la « laïcité », « les Lumières », contre « ce que nous sommes » déclarèrent les membres du gouvernement. La société s’est sentie ébranlée dans les valeurs fondatrices de son identité collective. D’où l’identification exceptionnellement massive suscitée par cet attentat : des millions de messages d’hommage se sont succédés sur les réseaux sociaux, tandis que près de quatre millions de personnes, rejointes par une cinquantaine de chefs d’État, manifestèrent spontanément dans les rues de France le 11 janvier 2015. Cet article s’appuie sur les réactions des responsables politiques européens à ces attentats. Leurs discours sont analysés au moyen de la méthode de l’analyse du discours politique, qui invite à porter plus particulièrement attention aux modalités de désignation des responsables de ces violences (Fairclough, 1995 ; van Dijk, 1993, 1997 ; Blommaert, Bulcaen, 2000), dans l’objectif d’évaluer comment ces discours participent des préjugés et des discriminations identifiés par les définitions de référence de l’islamophobie. Les pratiques politiques étant aussi des pratiques discursives, « le discours, oral ou écrit, a des fonctions et des implications politiques » (van Dijk, 1997, 14). Par conséquent, les réactions des responsables politiques ainsi que les programmes de leurs partis sont révélateurs du positionnement politique de leurs auteurs.

I/1. Sélection des pays et des partis politiques
La sélection des pays inclus dans l’analyse est établie sur deux critères : faire partie des membres fondateurs de l’Union européenne (UE) et abriter importante une population musulmane. D’une part, les pays ayant une histoire longue d’intégration dans l’UE entretiennent des liens politiques étroits qui contribuent à accroître les attentes des uns envers les autres, qui portent notamment sur les réactions à de tels évènements. En outre, les pays sélectionnés comptent parmi les membres les plus peuplés de l’UE, qui, en raison de leur appartenance de longue date à la Communauté européenne, peuvent servir d’exemple aux États qui ont adhéré plus récemment à l’UE ou dont la population est moins volumineuse. D’autre part, il est important que ces pays abritent une population musulmane suffisamment significative pour que l’islam y soit un fait social et donc un objet de débats. Les premiers signataires du traité de Maastricht en 1992 (création officielle de l’Union européenne) – à savoir l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal, et le Royaume-Uni – abritent une population musulmane supérieure à 2% de la population totale, à l’exception de l’Irlande (1,1%) et du Portugal (0,3%) (Hackett, 2016). Par souci de cohérence, l’échantillon des pays sélectionnés exclut donc ces deux pays auxquels se substituent, à des fins de représentativité, l’Autriche et la Suède : il s’agit des deuxièmes plus anciens membres de l’UE (ratification du traité de Maastricht en 1994) et ils abritent une population musulmane s’élevant respectivement à 5,4% et 4,6% de leur population totale. Ces choix visent également à s’intéresser à des pays dont l’expérience de l’islam est due à des migrations récentes (à l’exception de l’Espagne et la Grèce), où, par conséquent, les débats relatifs à l’intégration culturelle et au pluralisme religieux sont vifs. Ils constituent donc un espace privilégié pour observer les récentes évolutions des phénomènes recouverts par l’islamophobie.

Le tableau 1 (ci-dessous) restitue la liste des pays et partis sélectionnés, les pourcentages de musulmans dans la population totale de chaque pays, et il indique si un parti ou son représentant a fait une déclaration sur les attentats. Afin de s’appuyer sur une représentation plus précise des réactions des responsables politiques aux attentats de Charlie Hebdo, seront considérées celles des partis au pouvoir (i.e. ceux représentés au gouvernement), des principaux partis d’opposition (i.e. ceux cumulant le pourcentage de votes le plus élevé après les partis au pouvoir) et des partis populistes (ainsi qualifiés en raison des positions anti-immigration, anti-islam et anti-élitisme de leurs programmes) . Dans deux cas (Parti autrichien de la liberté – FPÖ et Parti néerlandais pour la liberté – PVV), les principales prises de position de partis d’opposition et de partis populistes se recouvrent. En raison de leur position politique, ces partis sont considérés comme populistes. Les partis au pouvoir et leurs principaux opposants bénéficient d’une plus grande couverture médiatique, et leurs réponses peuvent donc être considérées comme les plus influentes et significatives, quoique les principaux partis d’opposition sont susceptibles d’utiliser une rhétorique visant à accentuer leurs divergences avec les gouvernements en place, et les partis populistes plus encore (van Dijk, 1993 : 60). Aussi, l’analyse des réponses prend en considération les programmes des partis politiques afin d’élargir le cadre d’analyse.
Les douze pays sélectionnés incluent quarante-neuf partis politiques et trente-trois programmes de partis, décomposés comme suivant : trente-trois partis au pouvoir (incluant des coalitions) avec vingt programmes, neuf partis d’opposition avec six programmes, et sept partis populistes avec sept programmes.

Tableau I : Pays sélectionnés, population musulmane qu’ils abritent et existence de réactions aux attentats de Charlie Hebdo.

Tableau I : Pays sélectionnés, population musulmane qu’ils abritent et existence de réactions aux attentats de Charlie Hebdo I

I/2. Collecte et analyse des données
La collecte de données a été menée sur Internet (la majorité des déclarations n’ont pas été diffusées en français et ont été traduites), à l’aide du moteur de recherche Google pour les réponses individuelles des responsables politiques, sur les sites des partis et gouvernements pour les déclarations officielles, les communiqués de presse et les programmes des partis. Si la réponse d’un parti ne figurait pas sur le site ou si un programme n’était pas accessible en ligne, cela est signalé (nd.) et pris en considération dans l’analyse.

Tableau I : Pays sélectionnés, population musulmane qu’ils abritent et existence de réactions aux attentats de Charlie Hebdo II

Lorsque des déclarations ne figuraient pas sur les sites Internet des partis ou du gouvernement, mais étaient rapportées par la presse, l’information a été vérifiée par recoupement avec d’autres médias. Les manifestes ou programmes des partis ont été téléchargés sur leurs sites Internet et intégrés à l’analyse afin de restituer les positions de ces partis sur ces questions. Dans cinq cas (CDU en Allemagne, PD en Italie, VVD aux Pays-Bas, MR en Belgique, SD en Suède), les déclarations d’autres responsables que les chefs de parti ont été incluses dans l’analyse en raison de l’influence de ces acteurs.

Les réponses ont été compilées dans une base de données qui mentionne le contexte de la déclaration (calendrier, moyen de communication, manifeste du parti, etc.) et qui précise les modalités de qualification des auteurs des attentats en portant attention à la nature des associations qu’elles opèrent avec l’islam et les musulmans. L’analyse du discours repose deux critères. Premièrement, la conformité aux définitions de l’islamophobie du rapport Runnymede, et sa distinction entre attitudes « ouvertes » et « fermées » envers l’islam. Les analyses des réactions des partis retiennent trois aspects de chaque réaction :

(1) Responsabilité : mention de la responsabilité des attentats dans la déclaration, i.e. à qui ou quoi les responsables politiques attribuent les violences ;
(2) Islam ou musulmans mentionnés dans la déclaration ou non ;
(3) Distinction opérée entre des aspects positifs et négatifs de l’islam ou des musulmans.

Deuxièmement, l’analyse du discours politique (ADP) a été appliquée à ces discours au moyen du cadre d’analyse textuelle élaboré par Teun van Dijk (1997 et 2003) et Norman Fairclough (1995). Ce faisant, les principes essentiels de l’ADP (cf. infra) permettront d’évaluer dans quelle mesure les définitions de référence de l’islamophobie demeurent pertinentes face à l’évolution des discours politiques sur l’islam et les musulmans en Europe.

I/3. Analyse du discours politique
L’ADP est une approche découlant de l’analyse du discours critique (ADC) dont elle partage les postulats : le discours est fondateur de la société et la culture ; il exprime une idéologie ; il assure la médiation entre l’écriture et la société ; il constitue un mode de transmission ; il est une forme d’action sociale ; l’analyse discursive est interprétative et explicative (Fairclough and Wodak, 1997, 271-280). L’ADP se distingue de l’ADC par l’importance accordée au contexte politique, à la reproduction du pouvoir politique, à la domination ainsi qu’aux « conditions et conséquences discursives des inégalités sociales et politiques qui [en] résultent » (van Dijk, 1997, 11). L’ADP se concentre sur les acteurs politiques, la rhétorique, le contexte, le temps, les moyens de communication et tout ce qui s’y rapporte (ibid.). L’objectif de l’ADP est l’analyse critique d’un texte, d’un discours ou d’autres formes de communication pour en extraire les messages latents et explorer leurs contextes (Fairclough, 1995, 23). L’« objet (locus of critique) de l’ADC et de l’ADP est le lien entre le langage, le discours, la parole et la structure sociale » (Blommaert, Bulcaen, 2000, 449). Les ADC sont utiles pour démêler les structures et les rapports de domination sous-jacents aux discours. Le cadre analytique de l’ADP proposé par van Dijk (1997 et 2003) inclut des facteurs tels que les acteurs, les destinataires, l’idéologie, le moment et le lieu, le moyen de communication et les niveaux macro- et microsociologiques du discours politique.

Le contexte de cette étude est les attentats djihadistes perpétrés en janvier 2015 à Paris, et les réactions immédiates des responsables politiques à cet évènement. Le caractère spontanée de ces réactions est crucial : alors que tout émetteur d’un discours politique sait que celui-ci sera analysé par tous les acteurs (médias, responsables politiques, opinion), les réactions spontanées adviennent le plus souvent avant que l’acteur n’ait pu évaluer pleinement la situation, ce qui rend ses propos plus fidèles à sa pensée. Ainsi, toutes les déclarations analysées ici sont survenues dans les trois jours suivant l’attentat (à l’exception de celles du chef du FPÖ autrichien). Ainsi que le requiert l’ADP, ces réactions seront analysées aux niveaux macro- (communication des partis, leurs relations et leurs électorats) et microsociologique (langage employé aux cours des interactions).
Les moyens de communication utilisés par ces acteurs incluent des discours parlementaires, des entrevues avec les médias et les sites Internet des partis et des gouvernements. L’importance du moyen de communication notamment permis de souligner la différence possible entre les déclarations officielles (site Internet du gouvernement ou du parti, communiqués de presse officiels) et non officielles (entrevues dans les médias, débats parlementaires, etc.).

II/ Réponses des partis politiques
Les déclarations des gouvernements, des responsables et partis politiques sont présentées dans les trois sections suivantes conformément à la méthode précédemment décrite qui distingue les réactions des partis au pouvoir (2.1), des principaux partis d’opposition (2.2) et des partis populistes (2.3).

II/1. Réactions des partis au pouvoir

Tableau II : Réactions des partis au pouvoir aux attentats de Charlie Hebdo I

Tableau II : Réactions des partis au pouvoir aux attentats de Charlie Hebdo II

Tableau II : Réactions des partis au pouvoir aux attentats de Charlie Hebdo

II/2. Réactions des principaux partis d’opposition

Tableau III : Réactions des principaux partis d’opposition aux attentats de Charlie Hebdo

II/3. Réactions des partis populistes

Tableau IV : Réactions des partis populistes aux attentats de Charlie Hebdo

Il ressort de ce corpus que sur les vingt-sept déclarations de partis au pouvoir (six partis n’ont pas fait de déclaration), qui consistent essentiellement en des condamnations de l’attentat et des appels à l’unité, seules cinq mentionnent l’islam ou les musulmans. Les réactions des partis d’opposition, qui condamnent également l’attentat et présentent leurs condoléances, sont moins fréquentes. Sur cinq déclarations officielles, seuls deux partis mentionnent l’islam ou les musulmans. Enfin, en ce qui concerne les partis populistes, quatre déclarations sur six évoquent l’islam ou les musulmans (un parti n’a pas émis de déclaration). Ces quatre partis font référence à l’islamisation de l’Europe et soulignent avoir alerté de la menace qu’elle faisait peser, tout en différenciant les « bons » des « mauvais » musulmans.

Tableau II : Réactions des partis au pouvoir aux attentats de Charlie Hebdo III

Tableau II : Réactions des partis au pouvoir aux attentats de Charlie Hebdo IV

Seuls quatre des partis qui mentionnent l’islam ou les musulmans l’ont fait en des termes conformes à leurs programmes (RN en France, PVV aux Pays-Bas, CDU en Allemagne et VB en Belgique). Trois autres partis (CSU et Parti de gauche en Allemagne et PP en Espagne) évitent ces mentions alors que leurs programmes établissent des liens entre islam et terrorisme. Les divergences de ces réactions sont également visibles lorsque l’on tient compte des moyens de communication. Aucune déclaration officielle d’un gouvernement recensée ici ne mentionne explicitement l’islam ou les musulmans. Sur les onze déclarations qui y font référence, neuf ont été publiées sur le site Internet du parti (partis au pouvoir : N-VA belge, CDU allemand, NCD italien, PASOK grec ; partis d’opposition : Parti socialiste belge ; partis populistes : RN français, PVV néerlandais, FPÖ autrichien, VB belge), une a été diffusée dans les médias (parti d’opposition : Venstre danois) et une autre a été formulée dans le cadre d’un discours parlementaire (parti au pouvoir : Parti démocratique italien).

Tableau II : Réactions des partis au pouvoir aux attentats de Charlie Hebdo V

III/ La « zone grise » des débats sur l’islamophobie

III/1. Analyse des réponses
La terminologie employée pour qualifier les auteurs de l’attentat est diversifiée, et ces différences s’expliquent dans une large mesure par les positions de ces responsables politiques, aux niveaux micro- et macrosociologiques. Au niveau microsociologique, la majorité des partis au pouvoir usent de formules passives ou impersonnelles en qualifiant les auteurs d’« individus », de « coupables », de « criminels » ou en attribuant la responsabilité des faits au « terrorisme » ou au « radicalisme ». En ce qui concerne les réactions comprenant une référence à l’islam ou aux musulmans, seuls deux partis au pouvoir sur cinq attribuent la responsabilité des attentats aux « islamistes » (CDU allemande) et au « radicalisme islamique » (N-VA belge), et observent la distinction soulignée par le rapport Runnymede entre musulmans et radicaux. Les trois autres partis au pouvoir, tout en mentionnant l’islam ou les musulmans dans leurs déclarations, ont ciblé le « terrorisme » et la « violence » (PDD italien), le « terrorisme » et les « criminels » (NCD italien) ainsi que les « attentat terroriste » (PASOK grec), observant à leur tour distinction entre « attitudes fermées » et « ouvertes ». Deux des partis d’opposition qui mentionnent l’islam ou les musulmans ont désigné l’« attentat » et « quelqu’un a violé l’une des grandes religions du monde » (Parti libéral danois), les « fanatiques » et « un attentat lâche et barbare » (Parti socialiste belge), ce qui, une fois encore, satisfait à la distinction du rapport Runnymede. Les quatre partis populistes ont attribué la responsabilité des faits à l’« intégrisme islamique » et au « fondamentalisme musulman » (RN français), l’« islam », le « Coran » et « Mohammed » (PVV hollandais), l’« islamisme radical » et le « terrorisme islamiste » (FPÖ autrichien), le « djihadisme » et l’« islamisation » (VB belge). Trois partis populistes ont dissocié l’islam des musulmans. Le VB belge est le seul parti de cette étude qui attribue la responsabilité des violences à l’« islam » ou aux « musulmans », et ne reconnaît pas la distinction établie par le rapport Runnymede.

Tableau II: Réactions des partis au pouvoir aux attentats de Charlie Hebdo VI & Tableau III : Réactions des principaux partis d’opposition aux attentats de Charlie Hebdo I

Les discours des responsables politiques s’expliquent aussi par leur position au niveau macrosociologique (van Dijk, 2003) : les partis au pouvoir préfèrent la prudence, les partis d’opposition émettent moins souvent de déclarations officielles, et les partis populistes se montrent plus offensifs. Dans l’ensemble, les responsables de tous les partis présentent un discours adapté à leurs groupes sociaux (politiques) et leurs agendas. De ce fait, toutes ces réactions, comme leur absence, constituent des faits sociaux significatifs (idem), qu’il s’agisse d’appels à l’unité nationale, à lutter contre l’islam, désislamiser l’Europe, renforcer la sécurité des grandes villes, etc.

Ces résultats confirment le postulat de l’ADP : les acteurs n’agissent pas aléatoirement, et leurs discours se comprennent au regard de leurs positions dans le champ politique, de leurs publics respectifs et des contextes intérieurs de chaque pays (van Dijk, 1993, 3). En Belgique (N-VA, parti au pouvoir) et en France (RN, parti populiste), les responsables politiques ont évoqué une radicalisation croissante ; Peter Tauber (CDU allemand, parti au pouvoir) a souligné la menace « islamiste » pour le pluralisme religieux, faisant craindre la croissance du PEGIDA en Allemagne ; tandis qu’en Grèce, Antonis Samaras (ND, parti au pouvoir) a souligné les risques issus de la provenance de réfugiés syriens sur le sol national.

Comme le montrent les réactions des partis d’opposition et des partis populistes, leurs rhétoriques usent de la différenciation entre « eux » et « nous ». Elles alternent aussi entre les registres de langue formel et informel selon le groupe social visé : Nigel Farage, chef de l’UKIP, s’adresse à son électorat, la classe ouvrière ; Geert Wilders use d’un langage offensif aux Pays-Bas ; Katja Kipping, co-présidente du Parti de gauche allemand, se montre prudente en usant de références au libéralisme politique et à des raisonnements sociologiques. La distinction entre la « majorité des musulmans » et les « radicaux religieux » relève d’une rhétorique de la disculpation, présente à différents niveaux politiques : au sein des partis au pouvoir (le dirigeant de la N-VA belge reconnaît la « radicalisation de certains cercles musulmans européens » comme une menace directe pour la sécurité publique, tout en soulignant que « les assassinats sont bien le fait d’individus isolés »), des partis d’opposition et des partis populistes, comme lorsque le dirigeant du PVV hollandais déclare : « C’est l’islam qui inspire chaque fois les meurtriers. C’est Mohammed, le prétendu prophète. C’est le Coran. […] Bien sûr, je ne parle pas de tous les musulmans ». Il en est de même de la réaction de la présidente du RN français qui dénonce une « idéologie meurtrière », « l’islamisme radical », exhorte à un « refus absolu du fondamentalisme islamique [qui] doit être proclamé haut et fort », tout en nuançant : « personne ne veut confondre nos compatriotes musulmans attachés à notre nation et à ses valeurs avec ceux qui tuent au nom de l’islam ».

Tableau III : Réactions des principaux partis d’opposition aux attentats de Charlie Hebdo II

Un même constat s’impose à la lecture de l’ensemble de ces réactions : les responsables politiques oscillent entre deux extrêmes, allant d’un pacifisme prudent à une rhétorique belliqueuse à l’encontre d’une religion et de ceux qui y sont associés. Dans le contexte de la résurgence du djihadisme et des débats sur la radicalisation, s’impose un même souci largement partagé de distinguer les musulmans et l’islam d’une part, des violences perpétrées en son nom d’autre part, y compris au sein de partis hostiles à l’islam comme le RN (France) et le PVV (Pays-Bas). La seule exception vient des populistes belges, le VB, qui ont incriminé les attentats « djihadistes », l’« islam » et l’« islamisation croissante de l’Europe », en conformité avec le manifeste du parti dans lequel l’« extrémisme musulman grandissant » est décrit comme une menace majeure.

III/2. Définition de l’islamophobie : une confusion persistante
La tendance dominante à dissocier l’islam de l’islamisme ou du djihadisme, les musulmans des auteurs de violences pourrait étonner au regard au regard du nombre de partis et responsables politiques dont les programmes considèrent cette religion dans son essence comme une menace existentielle pour leur société. Ces acteurs naviguent dans une matrice idéologique essentialiste qui présuppose un continuum entre islam et violence, tout en s’efforçant de les distinguer dans leurs déclarations. Cette distorsion est le signe des effets des discours anti-islamophobes auxquels des porteurs d’idéologies anti-musulmanes se conforment par volonté de se prémunir de toute accusation d’islamophobie et de ses conséquences judiciaires, elle-même permise par des lois tant déterminées à préserver la liberté d’expression qu’à lutter contre les discriminations. En effet, seuls Tom van Grieken et Barbara Pass (populistes belges, Intérêt flamand) pourraient être à cet égard qualifiés d’islamophobes au regard de leurs généralisations préjudiciables à un groupe religieux dans son ensemble. Ce paradoxe a été souligné par Chris Allen (2010) : les acteurs qui diffusent des représentations hostiles à l’islam, qui soutiennent que les croyances qui en relèvent mènent à la violence et que ses membres seraient donc des terroristes potentiels se disculpent d’islamophobie dès lors qu’ils précisent que leurs accusations n’engagent pas l’ensemble des musulmans.

Tableau III: Tableau IV:Tableau III: Réactions des principaux partis d’opposition aux attentats de Charlie Hebdo III & Tableau IV: Réactions des partis populistes aux attentats de Charlie Hebdo I

Les définitions qui, à l’instar de celles de Deepa Kumar (2012), Ibrahim Kalin (2011) ou Mohamed Nimer (2011), privilégient une entrée par le racisme et insistent de ce fait sur l’hostilité, les préjugés ou les discriminations envers un groupe religieux semblent justes. Elles demeurent cependant peu opératoires dès lors que les auteurs des discours participant de la fabrication d’un problème musulman prennent le soin de ne citer que des « individus isolés ». Les définitions proposées par Chris Allen (2010), Hedvig Ekerwald (2011) ou Jocelyne Césari (2011) semblent plus pertinentes dans ce contexte dans la mesure où elles reconnaissent la propagation de la peur, de représentations et d’idéologies péjoratives comme relevant de l’islamophobie. Elles s’avèrent néanmoins peu efficaces dès lors que des responsables politiques hostiles à l’islam et aux musulmans usent de formules impersonnelles, ou dissocient l’islam de ses manifestations violentes. Alors que le rapport Runnymede s’est saisi de l’islamophobie afin de lutter contre des discours et pratiques haineuses ou discriminantes à l’encontre d’un groupe, il échoue partiellement à les appréhender.

Tableau IV: Réactions des partis populistes aux attentats de Charlie Hebdo II

Ramon Grosfoguel souligne cette hypocrisie : « En prenant pour objet la religion “des autres”, les Européens, les Euro-américains et les Euro-israéliens échappent aux accusations de racisme. Cependant, lorsqu’on examine attentivement la rhétorique hégémonique à l’œuvre, ces tropes sont une reproduction d’un ancien discours raciste biologique, et les personnes visées par les discours islamophobes sont les sujets des anciens empires coloniaux occidentaux. […] Il est absolument impossible de dissocier la haine ou la peur contre les musulmans du racisme contre les non-Européens. L’islamophobie et le racisme culturels sont enchevêtrés » (Grosfoguel, 2012, 13-14). De fait, les responsables politiques se livrant à des critiques généralisées et infondées envers l’islam et les musulmans n’y voient guère une manifestation de racisme envers des populations ethnicisées. D’autant plus que, comme le montrent Martin Reisigl et Ruth Wodak, le suffixe « -phobie » introduit un biais dans la perception du phénomène : il mène à « négliger l’aspect actif et agressif de la discrimination, et à pathologiser le racisme (et toutes les autres formes de discrimination couvertes par le suffixe -phobie) par la “métaphore de la maladie”, de la “phobie”, qui en tant que telle minimise le racisme et, au moins implicitement, exonère les racistes » (2001, 6). Ainsi, les idéologues islamophobes se présentent volontiers comme de courageux défenseurs d’un peuple dont l’existence est menacée par l’islam (Liogier, 2012). La difficulté à appréhender le caractère haineux et discriminant envers l’islam et les musulmans dans la sphère politique illustre les limites de cette terminologie.

Tableau IV: Réactions des partis populistes aux attentats de Charlie Hebdo III

III/3. Reconsidérer l’islamophobie ?
Face à ces difficultés, trois approches peuvent être envisagées. La première consisterait à encourager le développement d’une terminologie alternative. Chris Allen propose dans cette perspective de dissocier l’islam en tant que religion, des musulmans en tant que populations (2010, 135-137). De la même façon, George Readings, James Brandon et Richard Phelps (2010) préconisent de remplacer le terme « islamophobie » par « discrimination » ou « haine anti-musulmans », ce qui permettrait de renvoyer plus précisément aux victimes en tant que telles, tout en restituant le caractère actif ou agressif de cette attitude. Cependant, la critique préjudiciable de la religion porterait toujours, par extension, sur ses fidèles, qui devraient, pour s’en préserver, renoncer à leurs pratiques et croyances… (de Ruiter, 2012). Outre le fait d’être peu probante, l’hypothèse d’une terminologie alternative requerrait également un processus d’assimilation linguistique long et coûteux, qui ne ferait qu’ajouter à la confusion alors que le terme d’« islamophobie » est désormais adopté par les institutions internationales (Bahçecik, 2013).

La seconde approche consisterait à poursuivre l’effort de renouvellement de la définition de l’islamophobie. Bien que les définitions actuelles, qui se concentrent sur le racisme, l’intolérance et les préjugés infondés envers les musulmans, leurs cultures, leurs appartenances ethniques et leur religion, restent pertinentes, poursuivre l’effort de réflexion dans cette direction est nécessaire pour affiner la connaissance de ces phénomènes dont les manifestations sont multiples et évolutives. La multiplicité des définitions existantes témoigne ainsi de l’intérêt de la communauté des chercheurs pour cet objet, mais aussi des limites pratiques d’une telle démarche.

À la croisée des deux précédentes approches, une troisième proposition serait d’envisager une terminologie complémentaire. Alors que l’islamophobie repose largement sur l’entretien d’une confusion entre les musulmans et ceux qui légitiment la violence au nom de l’islam (certaines organisations islamistes et le djihadisme), l’enjeu serait d’introduire une terminologie qui encouragerait à leur distinction. Le débat s’est ainsi posé au sujet de la confusion entre l’antisémitisme et l’antisionisme (critique de la politique sioniste d’Israël ; dont la définition demeure contestée). Edward Corrigan (2009) souligne à cet égard qu’il est légitime, en démocratie, de critiquer le sionisme sans être antisémite, le nazisme sans nourrir d’aversion contre les Allemands, la torture pratiquée par l’armée américaine en Irak sans être raciste envers les Américains, etc. De la même façon, il est légitime de critiquer certaines manifestations de l’islam sans être raciste envers les musulmans. Ce terme additionnel pourrait par exemple cibler les manifestations illégales ou violentes de l’islam, comme cela est d’usage dans le discours politique européen (divers responsables politiques décrivent les auteurs des attentats comme des « islamistes » : RN en France, CDU et CSU en Allemagne, FPÖ en Autriche). George Readings, James Brandon et Richard Phelps, qui insistent sur l’importance du langage comme d’outil politique, montrent combien les représentations du monde véhiculées par l’islamisme entrent en résonance avec celles diffusées par l’extrême droite : « la croyance que “le monde musulman” est un bloc homogène partageant un même agenda politique » ; « la croyance que le monde devrait être divisé en blocs rivaux et concurrents, avec les musulmans d’un côté et les non-musulmans de l’autre » ; « les islamistes de tous horizons croient que les comportement des musulmans devraient être déterminés par leur seule religion » ; « les islamistes estiment qu’une interprétation unique de la charia […] peut et doit être imposée à la société » (2010, 3-14). L’introduction du terme « anti-islamisme/djihadisme » découragerait les amalgames entre les préjugés réprouvables envers l’islam et les musulmans, des entreprises illégales ou violentes au nom de l’islam. Cette proposition entre aussi en résonnance avec les pratiques politiques et elle n’impliquerait aucun processus d’assimilation linguistique coûteux.

Conclusion
La mise en perspectives historiques des débats sur l’islamophobie suscités par le rapport Runnymede met en évidence l’une de ses limites : l’opposition entre critique légitime ou réprouvables de l’islam et des musulmans objective en retour une représentation essentialiste et binaire du musulman, qui génère une zone grise échappant à la lutte contre l’islamophobie (préjugés préjudiciables qui ne procèdent pas d’attitudes « fermées »). Les débats récents (controverses sur le niqab, sur la « crise du multiculturalisme », etc.), notamment ceux suscités par l’attentat de Charlie Hebdo obligent à reconsidérer cet espace. L’analyse des réactions politiques à cet événement, au moyen de l’ADP, révèle combien les partis ouvertement anti-islam se jouent de la confusion permise par ce délicat équilibre entre liberté d’expression et égalité des individus, au fondement des démocraties modernes. Si le renoncement à cette terminologie demeure peu souhaitable, l’affinement des définitions de l’islamophobie semble quant à lui nécessaire, sans être en mesure d’y remédier.

L’introduction du terme « anti-islamisme/djihadisme » permettrait alors d’affiner le débat, mais cette proposition pose aussi question. Elle ne suffit pas à remédier aux critiques formulées à l’endroit de la définition de l’islamophobie du rapport Runnymede, dans la mesure où la question du périmètre des critiques légitimes ou réprouvables à l’endroit de l’islam et des musulmans (et la représentation essentialiste des musulmans qui lui est sous-jacente) reste posée (pourquoi devrait-elle s’étendre à tous les islamismes ou demeurer circonscrite au djihadisme ?). De plus, les controverses au sujet de la différenciation de l’antisémitisme et de l’antisionisme rappelle les inévitables limites d’une telle proposition : distinguer des engagements ou une politique à référent religieux des populations qui s’identifient plus largement à cette religion n’empêche pas de facto les amalgames. De la même façon que l’antisionisme dissimule parfois de l’antisémitisme, l’anti-islamisme/djihadisme est parfois l’expression d’une hostilité envers l’ensemble des musulmans. Cela devrait-il suffire à renoncer à considérer l’utilité d’une telle proposition ? Non, car « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde », écrivait Albert Camus. Cette proposition n’entend être rien d’autre qu’une contribution, mince et utile, aux débats sur l’islamophobie qui semblent avoir de beaux jours devant eux.

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An unhappy childhood: een zoektocht in drie tafereeltjes

I

In het Bzzlletin-nummer van april 1992 stond een vraaggesprek dat ik had met Adriaan van Dis.(klik hier)  Toen ik het onder ogen kreeg, trof mij de allereerste vraag. Die luidde: ‘Als ik Nathan Sid, Zilver of Indische duinen lees, denk ik: Wilde had gelijk toen hij zei An unhappy childhood is a writer’s goldmine. Dat verbaasde me, want ik wist zeker dat in de kopij die ik ingeleverd had, stond: ‘Poe had gelijk…’. Het was immers een uitspraak van Edgar Allan Poe, en die bleek nu door de hoofdredacteur op eigen gezag veranderd.
Om zijn eigenzinnig optreden af te straffen, besloot ik hem meteen de exacte vindplaats in het werk van Poe als bewijs te leveren. Toen ik die na een half uur vruchteloos bladeren nog niet gevonden had, begon mij twijfel te bekruipen. Ik nam het werk van Gerard Reve erbij, want die had deze uitspraak meermalen geciteerd, o.a. in Nader tot U (1966) en Brieven aan Bernard S. (1981), en, meende ik, zelfs eens als motto voor een van zijn romans gebruikt.
Ook dat was verspilde tijd; wel vond ik voorin de roman Oud en eenzaam (1978) het gedicht Alone van Poe, waarvan de eerste woorden luiden: From childhood’s hour I have not been as others were. Dat zal wel de bron van de verwarring geweest zijn.
En toen ik na enig zoeken in het Verzameld Werk van Oscar Wilde – je kunt immers niet weten – ook niets gevonden had, raakte ik stilaan geïrriteerd. Wel vond ik in Reve’s De taal der liefde (1972) op pagina 45 deze passage: ‘Ik werk maar rustig voort. Ik streef naar ongeveer e-e-n hoofdstuk per maand. “All art is quite useless.”’ Dat is een uitspraak van Oscar Wilde, die wellicht voor mijn hoofdredacteur de aanleiding voor zijn ingreep geweest was.

Ik doorzocht elk aforismenboek en elk literair handboek waar ik de hand op kon leggen, maar vond nergens ook maar de geringste aanwijzing. Mijn verbazing nam toe dat dit aforisme, dat mij tamelijk gangbaar leek, in geen enkele citatenbundel te vinden was, Nederlands noch Engels noch Amerikaans.
In hetzelfde Bzzlletin-nummer staat een artikel over het journalistieke werk en de gedichten van Nico Scheepmaker. Een van de aardigste dingen die de journalist Scheepmaker deed, was zich in een vraag vastbijten en niet opgeven voor hij het antwoord gevonden had. In de bundel Het bolletje van IBM (1987), waaraan ik met de dichter-journalist zelf heb mogen werken, staan daarvan een paar goede voorbeelden. Zo zocht hij eens met grote vasthoudendheid naar de maker van een van Neerlands bekendste anonieme verzen, beginnend met

Een mens lijdt dikwijls ‘t meest
Door ‘t Lijden dat hij vreest
Doch dat nooit op komt dagen.

Vergeefs, want hoewel hij iedereen inschakelde die meer dat twee regels poëzie uit het hoofd kende, van Gerrit Komrij tot Garmt Stuiveling, bleef zijn queeste zonder resultaat. Daar liet hij het niet bij zitten: ‘Ik vroeg aan de lezers van mijn dagelijkse Trijfel-column (die immers bij een abonnee-aantal van ruim 900.000 volgens Karel van het Reve & ‘de best geoutilleerde computer van Nederland’ vormen) of ze mij uit de brand konden helpen.’ Hun bereidheid was groot maar de verwarring, om het vervolg kort samen te vatten, werd nog groter..
Het leek mij dan ook geheel in de geest van Nico Scheepmaker mijzelf de taak op te leggen de vindplaats van het gewraakte aforisme te achterhalen. Al snel werd mij een helpende hand toegestoken, want ik was niet de enige die de openingsvraag aan Van Dis met bevreemdinggelezen had. Jan Ypinga uit Arnhem schreef mij een brief, waaruit ik citeer: ‘U schrijft het adagium An unhappy childhood is a writer’s goldmine abusievelijk toe aan Oscar Wilde. Deze, onsterfelijke, regel komt echter uit de koker van Leslie A. Fiedler, en werd in de Nederlandse literatuur dikwijls geciteerd door m.n. Gerard Reve.’

Terstond sloeg ik al mijn citatenbundels en handboeken, die al aardig beduimeld begonnen te raken, na op Fiedler, een Amerikaans hoogleraar in de moderne letterkunde. Hier en daar vond ik een uitspraak van zijn hand, maar niets wat te maken had met wat ik zocht. Maar niet getreurd, ik had nu een adres in Arnhem waar zo niet de Collective Works of Leslie A. Fielder op een rij stonden dan toch wel een boeklegger lag op alle plaatsen in diens werk waar An unhappy childhood te vinden was.

Ik schreef de heer Ypinga dus een brief met het vriendelijke verzoek mij de precieze vindplaats mee te delen. Per omgaande kwam antwoord: hij moest mij die schuldig blijven. Citaat: ‘Ik zeg erbij dat ik niet alleen sta in mijn onwetendheid: Nop Maes – hij annoteerde een fors aantal van Reve zijn brievenboeken -, door mij telefonisch geraadpleegd, wist het aforisme ook niet precies te situeren in het oeuvre van Fiedler.’
Wel gaf hij me in overweging de vraag voor te leggen aan Harry G.M. Prick, niet alleen kenner van leven en werk van Lodewijk van Deyssel, maar ook een wandelend citatenboek.
Prick, ook al door mij telefonisch geconsulteerd, dacht aan Virginibus Purisque (1881), een essaybundel van de Schot Robert Louis Stevenson, beter bekend als auteur van de evergreens Treasure Island en The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde. Maar ook daarin geen spoor.
Gerard Reve, op mijn verzoek door zijn uitgever per telefoon geconsulteerd, noemde onmiddellijk Leslie Fiedler als bron, maar wist niet waar in diens werk het gezocht moest worden.

Intussen had ik alle boeken van Fiedler die ik in Nederland te pakken kon krijgen, doorgenomen op unhappy, childhood, writer en goldmine, maar ook dat had tot niets geleid.
Ik was dus al met al nauwelijks verder dan die memorabele ochtend dat Bzzlletin nr. 195 in mijn bus viel. En hoewel het abonneebestand van dat maandblad de 1 miljoen nog niet benaderde, richtte ik mij, de werkwijze van Nico Scheepmaker indachtig, tot de lezers met deze simpele vragen: wie heeft als eerste dit aforisme gebruikt en waar staat het?

II
An elusive quotation is a columnist’s nuisance

In Bzzlletin nummer 199 deed ik verslag van mijn zoektocht naar de herkomst van de uitspraak An unhappy childhood is a writer’s gold mine. Dat adagium was me opgevallen, doordat het op verscheidene plaatsen in het werk van Gerard Reve voorkomt. In Nader tot U staat het als titel van een gedicht boven de ‘Brief uit het huis genaamd `Het Gras’, maar zonder bronvermelding. Die staat er wel in een brief aan Bernard S., gepubliceerd in Brieven aan Bernard S. De eerste alinea van die brief, gedateerd `Greonterp, 1 februari 1965′, luidt:

Zeer geachte Heer S.,
Ik dank u zeer voor uw uitvoerige brief van 23 januari jongstleden, die mij nogal afgunstig heeft gemaakt, want uw levensbericht is heel wat somberder en uitzichtlozer dan het mijne.
(Leslie Fiedler: `An unhappy childhood is a writer’s gold mine.’)

Gerard Reve (1969) Foto: en.wikipedia.org

Desgevraagd bevestigde Reve dat hij zich Fielder als auteur van het aforisme herinnerde.
Omdat handboeken, encyclopedieën en citatenbundels noch de uitspraak, noch de bedenker (ook niet onder Edgar Allen Poe, Oscar Wilde en Robert Louis Stevenson) noch de bron ervan prijsgaven, riep ik de hulp in van de lezers van dit blad. Dat bracht niet het antwoord en ook dat de Volkskrant mijn oproep vermeldde, leverde geen resultaat op.
Intussen had ik mij – an inquisitive mind is a joy forever – ook al schriftelijk gericht tot de enige man die het verlossende woord zou kunnen spreken, Leslie A. Fiedler, hoogleraar aan de Universiteit van Buffalo of, voluit, Samuel Clemens Professor en SUNY Distinguished Professor aan de State University of New York. Ik legde hem het probleem voor, alsook de overtuiging waarmee Gerard Reve hem als geestelijke vader aangeduid had. Het antwoord kwam per omgaande en was van een minder gewenste duidelijkheid:

Dear Mr. Zuidinga:
I wish I could help you out, but, alas, I do not recall ever having said anything very like the quotation about which you inquire. I have talked much about that general subject, but I have not, as far as I recall, used that metaphor. I wish I could have helped you out.
Sincerely,
LESLIE FIEDLER.

Daarmee was de conclusie vrijwel onontkoombaar geworden dat de uitspraak over het causale verband tussen een kommervolle jeugd en een oeuvre met eeuwigheidswaarde toegeschreven moest worden aan de enige in wiens werk hij aangetroffen is. Maar of Reve haar zelf bedacht had (bijvoorbeeld in zijn Engelse periode, die voorafging aan het schrijven van bovengenoemde brieven) en uit bescheidenheid aan een ander toegedicht, dan wel of hij haar ooit ergens gelezen had (bijvoorbeeld op een literaire scheurkalender avant la lettre) en er de verkeerde naam bij onthouden had, zou, vreesde ik, immer ongeweten blijven.

III

De kwestie werd weer enigszins actueel met het verschijnen van de biografie van Gerard Reve door Nop Maes. In het tweede van de drie delen signaleert die het motto en de onvindbaarheid van de vindplaats: ‘Reve zelf meende zich te herinneren dat hij het in de jaren vijftig gelezen had bij de Amerikaanse essayist Leslie Fiedler. Maar hoewel deze opstellen gepubliceerd heeft waarin de lezer elk moment verwacht de gezochte mededeling tegen te komen, is ze in zijn werk niet teruggevonden.
(..) Op het internet wordt de uitspraak – of een variant met in plaats van “goldmine”: ‘(whole) capital’ – toegeschreven aan auteurs als Charles Dickens, Graham Greene en Angus Wilson, maar steeds zonder bronvermelding.’
Hanny Michaelis, met wie Reve tot 1959 getrouwd was, zocht het in een andere richting en ‘meende zich te herinneren dat Reve de zin ontleende aan het onderschrift bij een tekening van James Thurber. Maar de ware afkomst van het citaat bleef tot nu toe onopgelost.’

De wetenschapper Bram Oostveen legde zich daar niet bij neer. In Reves brievenboek Ik had hem lief (1975) was hij al zowel het citaat als de naam Leslie Fiedler tegengekomen. Op pagina 91 schrijft Reve: ‘An unhappy childhood is a writer’s gold mine. Dat schreef Leslie Fiedler, citerend of als eigen vinding, ca. 20 jaar geleden in The Partisan Review, & het is mij altijd bijgebleven.
Belangrijk is de informatie dat Reve de zin in het Amerikaanse periodiek Partisan Review las. Reve haalde het motto overigens wel vaker aan, bijvoorbeeld in een interview met John Bakkenhoven dat is opgenomen in In gesprek (1980), p. 197. Ook dan schrijft hij het toe aan Leslie Fiedler, dit keer zonder Partisan Review te vermelden.’
Oostveen zoekt op eigentijdse wijze verder. ‘Met Google Books en de zoekterm: “unhappy childhood gold mine” boekte ik snel resultaat. De eerste hit luidde “Nader tot u – pagina 91”, dan volgde een drietal hits van na 1966 die naar mijn beoordeling niet interessant waren, maar toen: “Partisan Review, Volume 16 – Pagina 754” met daaronder “John Reed Club. New York Branch – 1949”. Reve had zijn motto dus, zoals zelf gezegd en geschreven, wel aan een stuk in Partisan Review ontleend. Had hij zich dan misschien alleen in de naam van de schrijver vergist?

Partisan Review was een Amerikaans periodiek dat gewijd was aan politiek en literatuur. Reve kende het tijdschrift en had ooit zelfs geprobeerd er een Engelse vertaling van zijn novelle De ondergang van de familie Boslowits in gepubliceerd te krijgen. Leslie Fiedler schreef, in ieder geval in de jaargang die ik doorbladerde, regelmatig voor het tijdschrift, maar de bijdrage waar Reve zijn motto aan ontleende was niet van hem.

De herkomst van het motto is een boekbespreking met de titel Twenty-seven stories door Isaac Rosenfeld, die ook geregeld bijdragen aan het periodiek leverde. Het betreft een recensie van Nineteen stories (1949) van Graham Greene en A tree of night and other stories (1949) van Truman Capote in de juli-aflevering van 1949, pag. 753-755. De volledige zin luidt: “An unhappy childhood is a writer’s gold mine, and one valuable thing Greene gets out of it is an honest basis for his stories.”’
Isaac Rosenfeld (1918-1956) was een gewaardeerd Amerikaanse essayist en schrijver. Hij publiceerde slechts één roman, Passage from Home (1946), zijn korte verhalen werden gebundeld in Alpha and Omega (1962) en een keuze uit zijn essays verscheen als An age of enormity: Life and Writing in the Forties and Fifties (1966).

Nog eenmaal Bram Oostveen: ‘Waarom vond Maas dit niet? Omdat hij Van het Reve verkeerd citeert vermoedelijk. Reve schreef ‘gold mine’, maar Maas citeerde ‘goldmine’ en zocht mogelijk ook met dat woord. Of misschien kende Maas de mogelijkheden van Google Books niet.’
Daarmee was de bron van het citaat gevonden: een boekbespreking door Isaac Rosenfeld in juli 1949. Maar het verhaal is daarmee nog niet geheel ten einde. De website Antiqbooks.com, dat zichzelf voor alle duidelijkheid aanprijst met Fine books – Fair prices, biedt via antiquariaat Hinderickx & Winderickx in Utrecht een uitgave aan van ‘Vier brieven en een kaartje aan een lezer’. Het bevat de brief waarmee Leslie Fiedler mij antwoordt, gedateerd 25 January 1993, de twee afleveringen van mijn column in Bzzlletin over dit onderwerp, Reves brief aan Bernard Sijtsma uit Brieven aan Bernard S. en mijn handgeschreven kaartje aan Jan Ypinga in Arnhem.

Dat roept de vraag op hoe de samensteller van dit werkje aan deze privé-correspondentie – als extra aanbeveling wordt vermeld “Met enveloppen” – is gekomen.
De prijs van dit stukje letterkundig jatwerk? € 50,-.


Robert-Henk Zuidinga (1949) studeerde Nederlandse en Engelse Moderne Letterkunde aan de Universiteit van Amsterdam. Hij schrijft over literatuur, taal- en bij uitzondering – over film.
De drie delen Dit staat er bevatten de, volgens zijn eigen omschrijving, journalistieke nalatenschap van Zuidinga. De boeken zijn in eigen beheer uitgegeven. Belangstelling? Stuur een berichtje naar: info@rozenbergquarterly.com– wij sturen uw bericht door naar de auteur.
Dit staat er 1. Columns over taal en literatuur. Haarlem 2016. ISBN 9789492563040
Dit staat er II, Artikelen en interviews over literatuur. Haarlem 2017. ISBN 9789492563248
Dit staat er III. Bijnamen en Nederlied. Buitenlied en film, Haarlem 2019. ISBN 97894925636637




Kunstmuseum Den Haag – Joseph Sassoon Semah – 31 oktober 2020 t/m 21 maart 2021

Foto: Ilya Rabinoch

Joseph Sassoon Semah – On Friendship… 31 October 2020 – 19 September 2021

Exile, hospitality and friendship are key themes in the work of Joseph Sassoon Semah (b. 1948, Baghdad). In 1950 he and his parents were forced to leave Iraq to Israel, and Joseph eventually arrived in Amsterdam in 1981, via London, Berlin and Paris. On Friendship… will for the first time bring together 36 architectural models of houses, a synagogue, schools and cultural buildings made by Sassoon Semah that refer to the liberal Jewish culture of his Babylonian ancestors – a culture which, he says, barely exists except in memory now.

86 drawings and wall-mounted objects refer to the old culture and to exile. These works are part of his research project On Friendship / (Collateral Damage) III – The Third GaLUT: Baghdad, Jerusalem, Amsterdam. Referring to his own GaLUT (Hebrew for exile), these are the three cities with a reputation for tolerance where Sassoon Semah was made to feel welcome. Now he himself will act as host and friend, sharing his original culture. By way of a personal welcome, the triptych Joseph / YOSeF / Yusuf will be displayed beside one of the entrances to the exhibition in Kunstmuseum Den Haag’s Projects Gallery. The triptych is a kind of self-portrait featuring the artist’s name in Dutch, Hebrew and Arabic, along with a godwit (the national bird of the Netherlands), a hoopoe (the national bird of Israel) and a chukar partridge (the national bird of Iraq).

The work of Sassoon Semah allows plenty of scope for critical reflection on identity, history and tradition, and is part of the artist’s long exploration of the relationship between Judaism and Christianity as sources of western art and culture, and of politics. The aspirations of his grandfather, the Chief Rabbi of Baghdad, to promote dialogue between different religions and world views, resonates in everything he makes. One of the display cases will for example contain the prayer shawl (Tallit) that belonged to his grandfather, who refused to leave Baghdad during the first forced deportation, probably because to him Baghdad was already a place of exile, but above all because Iraq was his homeland. One of the wooden architectural models, a bronze version of which with rams’ horns will also be shown, is based on his synagogue, the Meir Taweig synagogue in Baghdad, which still exists but is no longer in use.

Lost paradise
Drawings of human skulls and the skulls of animals native to Iraq – 86 of them, the age at which Sassoon Semah’s grandfather died—also symbolise the lost paradise: the straight lines symbolising the street plan of the destroyed Jewish quarter, the yarn referring to measuring and territory, the sewing itself to textile as a carrier of information. A typewriter with Hebrew script and sand from Jerusalem on a steel Tefillin refer to the second place of exile, that of Sassoon Semah’s father, a leading lawyer in Israel. Joseph has reworked the book in the display case, the Talmud Bavli Tractate Pesachiem YaKNeHa’Z. His additions to the typography refer to his concept of architecture in exile. The abstract forms reference Mondrian, De Stijl and other abstract art of the West, the third place of exile. And so, in a metaphorical sense, On Friendship… is an ode to a lost culture, and at the same time an invitation to a dialogue about these different cultures.

Publication
New English-language publication ‘Joseph Sassoon Semah: On Friendship / (Collateral Damage) III – The Third GaLUT: Baghdad, Jerusalem, Amsterdam’ – published at the end of October, available in the museum shop. 264 pages, ISBN 978 90 361 0601 65, design and layout by Geert Schriever (artlifelove) Amsterdam, edited by: Linda Bouws and Joseph Sassoon Semah, € 39.95.

Nederlands:
Centrale thema’s in het werk van Joseph Sassoon Semah (1948, Bagdad) zijn ballingschap en gastvrijheid. Zelf wordt hij in 1950 samen met zijn ouders gedwongen te vertrekken uit Irak naar Israël en komt via Londen, Parijs en Berlijn in Amsterdam terecht. In de tentoonstelling brengt hij onder meer 36 architecturale modellen bijeen van huizen, een synagoog, school- en cultuurgebouwen die refereren aan de joods-liberale cultuur van zijn Babylonische voorouders, een cultuur die volgens hem buiten de herinnering amper nog bestaat.

Het werk van Sassoon Semah laat volop ruimte voor kritische reflectie op identiteit, geschiedenis en traditie, en maakt deel uit van een langdurig onderzoek van de kunstenaar naar de relatie tussen het jodendom en het christendom als bronnen van de westerse kunst- en cultuurgeschiedenis. In alles resoneert het streven van zijn grootvader, de opperrabbijn van Bagdad, om de dialoog te bevorderen tussen verschillende religies en wereldbeelden.

Zie: https://www.kunstmuseum.nl/nl/tentoonstellingen/joseph-sassoon-semah

Zie ook: https://vimeo.com/484103296/1f2e571ca3




Noam Chomsky: Trump Is Quite Capable Of An “October Surprise”

Noam Chomsky ~ Photo: en.wikipedia.org

We take as axiomatic that the United States is a democracy, yet there can be no denying the fact that the country has been rapidly sliding into authoritarianism since Trump came to office, partly thanks to an antiquated mechanism known as the Electoral College. Trump’s removal of independent government watchdogs, his constant attacks on media, his divisive rhetoric, the way he has handled the coronavirus pandemic, his decision to send federal agents to crush protests, and his suggestion about postponing the November general election are but a small sample of Trump’s autocratic leadership, yet they speak volumes about the dark cloud over the U.S. In fact, it is quite conceivable that the worst is yet to come, says leading public intellectual Noam Chomsky. In this exclusive interview for Truthout, Chomsky says an “October surprise” from Trump or his cronies cannot be ruled out.

C.J. Polychroniou: Since coming to power, Trump has taken various steps to rule like an autocrat. His latest tactic is to send federal agents into cities to crush protests. Can you talk about the political aims behind Trump’s abuse of his law enforcement powers, and whether these actions have a precedent in modern U.S. history?

Noam Chomsky: The renowned economist James Buchanan, one of the leading figures of U.S.-style “libertarianism,” observed in his major work The Limits of Liberty that the ideal society should accord with fundamental human nature, which makes good sense. Then comes the next question: What is fundamental human nature? He had a very simple answer: “In a strictly personalized sense, any person’s ideal situation is one that allows him full freedom of action and inhibits the behavior of others so as to force adherence to his own desires. That is to say, each person seeks mastery over a world of slaves.”

It is not easy to find real human beings who suffer from this pathology, but Trump seems to be a good candidate…. When inspectors general begin to fulfill their duty of inquiring into the swamp of corruption he’s created, he fired them. The U.S. attorney for the Southern District of New York was summarily dismissed when he made the same error, replaced by a flack for private equity.

Next in turn is the military: “The White House is intensifying an effort to hire Pentagon personnel with an undisputed allegiance to President Trump … current and former officials said.” When the Senate did not quickly confirm his choice, retired Gen. Anthony Tata, to fill “the Pentagon’s top policy job,” Trump simply appointed him without the required Senate approval. This has been standard procedure under Trump. Why bother with the legal formality of Senate confirmation?

Practices are much the same when the population dares to raise its head. They are then threatened with “ominous weapons” and “vicious dogs,” the latter a reference to the attack on civil rights protesters that aroused horror and contempt when they were used in the deep South 60 years ago. Overruling state and local officials [Trump] sent paramilitaries to assault protesters in Portland, Oregon, including the elite Border Patrol Tactical Unit (BORTAC), trained to use violence with little oversight against miserable refugees dying in the harsh Arizona desert not far from where I live.

Confronting Portland’s “Wall of Moms” with brute force does not go over too well with the general public, even arousing protests that it can’t happen here: We’re not Italy under Mussolini!

BORTAC was therefore withdrawn from Portland and returned to its mission of demonstrating that it can and doeshappen here, even if we choose not to look. A few days after leaving Portland, heavily armed BORTAC units raided a humanitarian aid station for fleeing refugees in the Arizona desert, “detaining over thirty people who were receiving medical care, food, water, and shelter from the 100+ degree heat. In a massive show of force, Border Patrol, along with BORTAC, descended on the camp with an armored vehicle, three ATVS, two helicopters, and dozens of marked and unmarked vehicles,” a No More Deaths news update reports.
There’s plenty more.

One reaction is that, “The Western-led world order is in crisis. If the U.S. reelects Donald Trump, this will be terminal.”
A few years ago, you might hear these sentiments from someone on a street corner holding a sign reading “The end is nigh.” Today, you read them in the world’s leading business journal, the London Financial Times, expressed by the sober and highly respected economic-political analyst Martin Wolf.
Much of the world has had more than enough of the Western-led world order in the past centuries, but would hardly favor what is likely to come if Trump were to administer a terminal blow.
Are there precedents in American history? One has to search pretty hard to find any. One possible candidate is Trump’s hero Andrew Jackson, who is alleged to have declared that Supreme Court Chief Justice “John Marshall has made his decision now let him enforce it” when Jackson defied the Court’s orders to stop his campaign of brutal Indian removal.

We should also not overlook the fact that popular support for autocracy runs disturbingly high. Few signs are clearer than attitudes toward the media. Almost one-fourth of Republicans agree that “President Trump should close down mainstream news outlets, like CNN, The Washington Post and The New York Times.” Twice that number of Republicans, almost half, agree that “the president should have the authority to close news outlets engaged in bad behavior” and that “the news media is the enemy of the American people,” engaged in bad behavior. Democrats are not that extreme, but the numbers are not overly reassuring.

What about his suggestion that the November general election be delayed, from which he refuses to back down? Given that he is not constitutionally empowered to enforce such an extraordinary proposal, how can he be stopped from doing so?

He could be stopped by mass popular protests, perhaps a general strike, inducing the real masters to intervene to preserve the society they largely own. If it comes to a true show of force, Trump can be stopped by the military — if they decide to uphold the Constitution. These strange days it must surely have occurred to many that Trump’s attempted purge of the military command might be planning for such a contingency — something else that would have been unthinkable a few years ago.

It might be worthwhile to pay attention to some analogies in today’s decaying global social order. Recently, Trump’s mimic in Brazil, President Jair Bolsonaro, sought to fire investigators looking into his family’s sordid activities. He was blocked by the Supreme Court.

The world’s oldest parliamentary democracy is also tottering, under the regime of Prime Minister Boris Johnson, who stands out in Europe for Trump-like failure to handle the pandemic. When Johnson wanted to ram through his version of Brexit, he simply suspended Parliament, an unprecedented act that was bitterly condemned by British legal authorities, and quashed by the Supreme Court.

The U.S. trails behind.

Trump’s attacks on the U.S. Postal Service are increasing in the year of the mail-in ballot. In fact, his new postmaster general, Louis DeJoy, has already taken steps to slow down the delivery of mail, and there is even talk of post offices shutting down across the country in an apparent effort to disenfranchise voters. What does Donald Trump’s success in undermining democratic governance reveal about the state of the U.S. political system and U.S. democracy in the 21st century?

Several factors converge in the actions of Trump’s choice to undermine the postal service. One is the narrow concern with the elections. Republicans know that they have a problem. They’re a party of a shrinking minority. They cannot approach voters with their actual policies of unstinting service to extreme wealth and corporate power, and therefore have to mobilize voters on so-called “cultural issues,” not a very secure stand. To hold onto office, they have to resort to such devices as massive purging of voters to ensure that the “wrong people” don’t contaminate the elections, a remarkable story exposed by investigative journalist Greg Palast. Slowing mail service might open the door to challenges to the election if they can’t steal it by other means.

But there are deeper reasons that we’ve discussed before. The modern Republican party has a visceral hatred of the [U.S.] Postal Service, for good reasons. It is a highly efficient government institution, a fact that can give voters the subversive idea that government might be of, by and for the people. It offers no opportunities for private profit and performs major services to the population, and could do a great deal more if it were freed of congressional malevolence. These are lessons that have to be kept from the eyes of the dangerous masses. Even worse, the worshipers of the so-called founding fathers might not be able to continue to suppress the fact that they conceived of the postal service as a subsidy to a free, independent press; anathema.

The implications for what remains of democratic governance after 40 years of the neoliberal assault, enhanced by Trump’s wrecking ball, need hardly be elaborated.

Trump has tried to use the coronavirus pandemic in a way that serves his reelection purposes, rather than the interest of the American public. With coronavirus cases hitting new records almost daily, isn’t it possible that he may use COVID as a means to bolster his suggestion for postponing the November election?

He is desperate enough to try almost anything. And he’ll have plenty of support. Business leaders may cringe at Trump’s antics. That’s especially true for those who like to present themselves as humane and cultivated managers of “soulful corporations” in ‘50s rhetoric, regularly recycled when needed to overcome “reputational risks.” But as long as Trump recognizes where real power lies and follows the rules, they prefer him to uncertain alternatives that might be subject to pressures from people who care about the common good.

As Joe Biden bends to activist pressures and rises in the polls, the true Masters of the Universe are becoming increasingly alarmed. Front-page headlines tell us that “Investors Start to Ask: What if Biden Becomes President?” The stories report that investors are concerned that the gravy train may be slowed down if their champion is kicked out.

Fossil fuel industries are particularly worried. A headline in the Texas press reads “Oil donors flock to Trump as Biden hardens climate stance.” It reports that they “are writing checks to President Donald Trump with greater zeal than they did four years ago, as Biden campaigns on a climate plan that seeks to eliminate carbon emissions by mid-century,” possibly earlier, along with his $2 trillion program to address some of the many problems that have to be dealt with — not enough, but a substantial step forward.

Many polls indicate that Trump is trailing Biden by double digits. What could possibly happen between now and November that could turn the race around?

It’s anything but a sure thing. Election tampering is a huge industry. Massive campaign funding in the last days can have a major effect, as seems to have happened in 2016. The leading specialist on campaign funding, Tom Ferguson, found that a “dual wave of money” for both president and Senate had a substantial and probably decisive impact in the final days of the ‘16 campaign. We’ve already discussed the possibility that Republican interference with mail balloting might muddy the waters. Apart from all of these devices to undermine the limited integrity of elections, Trump is quite capable of an “October surprise.” It’s not hard to conjure up a variety of options. This is no time for letting one’s guard down, beguiled by dubious hopes.

This interview has been lightly edited for clarity.

C.J. Polychroniou is a political economist/political scientist who has taught and worked in universities and research centers in Europe and the United States. His main research interests are in European economic integration, globalization, the political economy of the United States and the deconstruction of neoliberalism’s politico-economic project. He is a regular contributor to Truthout as well as a member of Truthout’s Public Intellectual Project. He has published several books and his articles have appeared in a variety of journals, magazines, newspapers and popular news websites. Many of his publications have been translated into several foreign languages, including Croatian, French, Greek, Italian, Portuguese, Spanish and Turkish. He is the author of Optimism Over Despair: Noam Chomsky On Capitalism, Empire, and Social Change, an anthology of interviews with Chomsky originally published at Truthoutand collected by Haymarket Books.




Jean Rhys en Ed. de Nève – Een dubbelportret

Jean Rhys (1890 – 1979)

I.  Jean Rhys
Tot de meer opmerkelijke literaire comebacks van de vorige eeuw behoort die van Jean Rhys, de Engelse schrijfster die in 1927 debuteerde, maar pas in 1966 naam maakte. Over haar leven is weinig bekend en wat bekend is, is vaak verkeerd.
Ella Gwendolyn Williams, zoals haar eigenlijke naam luidt, werd op 24 augustus 1894 geboren in Roseau op Dominica, in West-Indië, als dochter van een arts uit Wales en een Creoolse. Dat is niet – zoals vaak gedacht wordt – een kleurlinge, maar een blanke geboren in de koloniën. Toen Jean Rhys het omslag zag van de Nederlandse vertaling van Wide Sargasso Sea, waarop een Surinaamse in klederdracht staat afgebeeld, zei ze: ‘What’s that woman with that funny hat doing on a book of mine?

Haar moeder was een strenge Schotse vrouw met de meisjesnaam Lockhart, afkomstig uit een oud geslacht, dat zich al twee generaties als planters in West-Indië had gevestigd. Maar ze was ’zwaar’ gebleven, ze kon niet Engelser.
Ella is op één na de jongste van drie meisjes en twee jongens. Het was de gewoonte de dochters naar een finishing school in Engeland te sturen, maar Ella wil toneelspeler worden en haar vader steunt haar in dat wilde plan. Op zestienjarige leeftijd vertrekt ze naar een tante in Engeland, maar al na een paar maanden sterft haar vader en is er geen geld meer om de studie voort te zetten.

Ze verwisselt de theorie voor de praktijk en trekt rond met een music-hall gezelschap. Een ervaring die later zijn neerslag zal vinden in de roman Voyage in the dark (1934). Nog tijdens de Eerste Wereldoorlog ontmoet ze Jean Lenglet, geboren in Tilburg als zoon van een Franse vader en een Nederlandse moeder, die op zijn zeventiende naar Parijs getrokken was waar hij schilderlessen volgde aan de academie en ‘s avonds zong in de cabarets Le Chat Noir en Le Lapin Agile op Montmartre. Later zou hij onder de naam Edouard de Nève een aantal boeken publiceren.
Ze trouwen in 1919 en wonen korte tijd in Den Haag, maar zijn werk als secretaris en tolk bij de Vredescommissie brengt hen onder meer naar Boedapest en Wenen. Het is een gelukkige tijd. Ze hebben geld, Ella wordt bewonderend la poupée de porcelaine de Saxe, het poppetje van Saksisch porcelein, genoemd en herinnert zich deze periode later in vrolijke verhalen.
Op weg van Boedapest naar Parijs wordt in Ukkel een dochter geboren, Maryvonne. Ze is niet blij met het kind: ‘damned baby’. Al eerder had ze een zoontje gekregen, dat na een paar weken aan longontsteking overleden was.

In de jaren twintig oefende Parijs een grote aantrekkingskracht uit op jonge Engelse en Amerikaanse kunstenaars. Ella en Jean vestigen zich op la Rive Gauche, de linker Seine-oever. De Engelse schrijver en editor Ford Madox Ford placht in die dagen als een kloek jonge artistieke talenten te bewaken en hulp op allerlei gebied te offreren. Zo ontmoet hij ook Jean Rhys wanneer haar huwelijk is stukgelopen. Haar hele bezit bestaat uit “een jurk, een paar schoenen en het manuscript van een onpubliceerbare roman”. Ze vindt onderdak op 84 Rue Notre Dame des Champs, in het huis van Ford en zijn tweede vrouw, Stella Bowen. Ford geeft haar literair en Stella cosmetisch advies, maar het blijft niet bij beleefdheidsvragen.

Stella Bowen: “Ik was ongemeen langzaam in de ontdekking dat zij en Ford verliefd waren. (..) Ik was gecast in de rol van de gelukkige echtgenote die alle kaarten in handen hield, en het meisje in die van de arme, moedige en wanhopige bedelares die voorbestemd was teleurgesteld te worden door de bourgeoisie. Ik leerde welk een machtige wapens zwakheid en pathos waren en hoe sterk de positie is van iemand die niets te verliezen heeft.”
De verhouding duurt niet lang, maar vindt zijn literaire neerslag in twee romans van Jean Rhys. Ford en Bowen zijn geportretteerd als het ‘ruimdenkende’ echtpaar Heidler in Quartet (1927) en ook De Nève is aanwezig in de persoon van Stephan. De periode na de relatie is verwerkt tot After leaving Mr. Mackenzie (1930).
Dezelfde situatie als in Quartet wordt beschreven in een boek van De Nève, In de strik (1932), maar dan vanuit het perspectief van Stephan die in de gevangenis zit. Ford  – wiens echte naam Hueffer is – wordt opgevoerd als Hübner. Henriëtte van Eyk, de tweede vrouw van De Nève/Lenglet: “Stephan werd gearresteerd wegens oplichterij. Maar in werkelijkheid, vertelde hij me, is hij gearresteerd omdat hij probeerde Ford te vermoorden. Hij was ontzettend jaloers.”

Ford publiceert enkele verhalen van Jean Rhys in zijn Transatlantic Review en schrijft in een voorwoord bij haar debuut, de verhalenbundel The Left Bank and Other Stories (1927): “Miss Rhys’s work seems to me to be very good, so vivid, so extraordinarily distinguished by the rendering of passion, and so true, that I wish to be connected with it. ”

Ze komt in contact met James Joyce, Ezra Pound en Ernest Hemingway, maar zo heel belangrijk zal de rol die ze in Montparnasse speelde, niet geweest zijn. In geen enkele van de talloze studies en memoires over die tijd wordt ze ook maar genoemd. Haar laatste jaren in Parijs zijn ongelukkig, met vaak alleen de fles als gezelschap. Aan het eind van de jaren twintig keert ze terug naar Engeland.
Tot 1933 wil Jean Lenglet niet van een scheiding weten, om precies te zijn tot hij Henriëtte van Eyk leert kennen. Van Eyk: “Toen we trouwden zou Maryvonne bij haar moeder blijven, maar dat ging niet, omdat die zo vreselijk dronk. En als ze dronk, werd ze zo agressief. Maryvonne had geen leven, ze kreeg niet regelmatig te eten. Toen is ze weer naar Nederland gehaald, en werd op een katholieke kostschool gedaan.”

Inhakend op het succes van Henriëtte van Eyks eersteling, De Kleine Parade, verschijnt in 1934 een bundel verhalen van haar en De Nève, Aan den loopenden band. Enkele verhalen en fragmenten van de laatste zijn woordelijk terug te vinden in het zeven jaar eerder verschenen The Left Bank.
Een voorbeeld. “Ineens begon Roseau te schreien. ‘Ol Fifi! Arme Fifi!’ Te midden der wanorde van de kamers schreide zij bitter, alsof haar hart brak. Totdat zij plots in het gulden zonnelicht, dat door het hooge venster drong, Fifi’s vriendelijke oogen meende te zien lichten, die kinderlijk blij lachtten, in vagen spot om haar sentimenteele tranen. ‘O! als ‘t zóó is,’ zei Roseau. Zij droogde haar oogen en ging voort met pakken.” (uit Fifi)
“Suddenly Roseau began to cry. ’O poor Fifi! O poor Fifi!’ In that disordered room in the midst of her packing she cried bitterly, heartbroken. Till, in the yellow sunshine that streamed into the room, she imagined that she saw her friend’s gay and childlike soul, freed from its gross body, mocking her gently for her sentimental tears. ‘Oh well,’ said Roseau. She dried her eyes and went on with her packing.” (uit: La Grosse Fifi)

Drieënveertig jaar na dato, geïnterviewd in 1977, is co-auteur Jet van Eyk volmaakt verrast en Jean Rhys, schriftelijk om het verlossende woord gevraagd, is ’shocked and puzzled’: ‘Mr. De Nève printed my stories under his own name without my knowledge.
Wie wat van wie had, blijft onduidelijk. Voor een deel putten ze immers uit dezelfde ervaring en waarschijnlijk las Lenglet alles wat Jean Rhys schreef. Henriëtte van Eyk: ‘Ik heb indertijd het manuscript van After leaving Mr. Mackenzie gezien. Dat was helemaal door De Nève gecorrigeerd.’

Zijn gevangeniservaringen stelt De Nève in drie talen te boek. Het oorspronkelijke (Franse) manuscript werd geweigerd, omdat de toon te kritisch was. Barred (‘To Jean’) werd in 1932 in Londen gepubliceerd en door de kritiek goed ontvangen, waarna een Nederlandse editie volgde, In de strik (‘Voor Maryvonne, mijn dochtertje, wanneer zij groot zal zijn’). Niet lang daarna verschijnt toch Sous les verrous (Achter tralies) (‘Pour Monsieur Victor E. van Vriesland, critique d’art’). Volgens de dochter hebben de ouders samen aan de Engelse versie gewerkt.

Vergelijkt men de consistentie van beide oeuvres, dan ligt voor de hand dat de verhalen oorspronkelijk zijn geschreven Jean Rhys. De Nève zag zichzelf in de eerste plaats als journalist en schreef ook zijn boeken in reportage-stijl. Maar deze simpele conclusie wordt weersproken door de overeenkomst tussen het verhaal ‘Suzanne’ van De Nève uit 1934 en de pas in 1939 gepubliceerde roman Good Morning, Midnight:

“Telkens wanneer er een bezoeker kwam drukte de portier op een bel die vlak boven Suzanne’s hoofd rinkelde. Dan stond zij op, ging tot aan de trap die naar de straatdeur leidde, en bleef daar op de klant wachten met een bescheiden glimlachje op haar gelaat. (..) Dan leidde zij de bezoekster naar boven waar de eigenlijke bedrijvigheid der zaak heerschte en riep zij mademoiselle Mercedes, of mademoiselle Henriette, of madame Perron, al naar gelang het geval. Indien zij zich het gezicht van een klant niet meer herinnerde, of wanneer zij een nieuwe klant verwees naar een verkoopster wier beurt het niet was, was er naderhand groot spectakel.” (Aan den loopenden band)

“Everytime a customer arrived, the commissionaire touched a bell which rang just over my head. I would advance towards the three steps leading down to the street door and stand there smiling a small, discreet smile (..). Then I would conduct the customer to the floor above, where the real activities of the shop were carried on, and call for Mademoiselle Mercedes or Mademoiselle Henriette or Madame Perron, as the case might be. If I forgot a face or allotted a new customer to a saleswoman out of her turn, there was a row.” (Good Morning, Midnight)

Tussen 1928 en 1939 verschijnen de vier romans van Jean Rhys, die met toenemend enthousiasme ontvangen worden maar nooit een werkelijk succes worden. Good Morning, Midnight (1939) wordt uitstekend besproken, maar heeft de tijd tegen. Tijdens de Tweede Wereldoorlog begint ze aan enkele verhalen die ze niet voltooit, en aan een roman, Wide Sargasso Sea, waar ze nog lang aan zal werken.
Voor de oorlog ten einde loopt, overlijdt haar tweede man, Leslie Tilden-Smith. Ze hertrouwt met diens neef, Max Hamer, en gaat zeer afgelegen wonen in Cornwall. Ze lijdt bittere armoede waar ze over zwijgt. Van schrijven komt niet veel.

Vanaf 1960 verschijnen in tijdschriften de verhalen die later in Tigers are Better-looking (1968) gebundeld zullen worden en ontstaat er nieuwe belangstelling voor haar werk.
In 1966 volgt de definitieve doorbraak met de publicatie van Wide Sargasso Sea, ten onrechte vaak omschreven als een hervertelling of een vervolg op Emily Brontes Jane Eyre. Het uitgangspunt is geweest: wie was die vreemde Bertha in Jane Eyre? In Yorkshire was het een gewoonte dat Engelse jongelieden van goede familie, die wat aan lager wal waren geraakt, naar het Caraïbisch gebied gingen en daar een blank meisje, dochter van een rijke planter, aan de haak sloegen. Ze trouwden in gemeenschap van goederen en eenmaal terug in Engeland verdween de vrouw spoorloos, waarna de man haar bezittingen erfde. Jean Rhys. was daar erg in geïnteresseerd en vertelde haar dochter: “Dat is zo vaak gebeurd, want die verhalen gaan ook in West-Indië.”

Op haar drieënzeventigste wint ze de W.H. Smith and Son Annual Literary Award. Haar vroegere werk wordt opnieuw uitgegeven en ook Amerika ontdekt haar. Over die erkenning heeft ze maar één mening: “It’s come too late. ”

Willem Johan Marie Lenglet (1899 – 1961) Pseud.: Edouard de Nève, Ed de Nève, Jean Lenglet

II Edouard de Nève
‘Hij was student, schilder, vreemdelingengids, liedjeszanger, journalist, agent van den geheimen dienst van Frankrijk in den oorlog, secretaris der Japansche delegatie in de ontwapeningscommissie in Oostenrijk en Hongarije, koerier en directeur van een armhuis’, schreef Victor van Vriesland in 1933 over Edouard de Nève. Aan die opsomming kan nog toegevoegd worden: bohémien, romanschrijver, lid van de ondergrondse, medewerker van het illegale Vrij Nederland, rebel, dagbladcorrespondent en na de Tweede Wereldoorlog majoor bij de Repatriëringscommissie in Polen.

Ed. de Nève was het pseudoniem van Jean Lenglet, die op 7 juni 1889 in Tilburg werd geboren. Zijn leven is één doorlopend verslag van vrijheidsdrang, zowel voor anderen – hij meldt zich in de Eerste Wereldoorlog aan bij het Vreemdelingenlegioen om met het Franse leger tegen de Duitse bezetters te vechten, in de Spaanse Burgeroorlog strijdt hij aan de kant van de Republikeinen – als voor zichzelf.
Toen hij meerderjarig werd, ontvluchtte hij het ouderlijk huis en trok hij naar Parijs, waar hij de kost verdiende door in de cabarets Le chat noir en Le Lapin agile in Montmartre zelfgemaakte liedjes te zingen. Werk voor het Deuxième Bureau, de Franse inlichtingendienst, brengt hem in Londen, waar hij in 1917 Ella Gwendoline Williams ontmoet, die later als de schrijfster Jean Rhys bekend zal worden. Zij trouwen – het was Lenglets derde huwelijk – en vestigen zich in Parijs, op de Rive Gauche, de linkeroever van de Seine, waar zich een vooral Angelsaksische kunstenaarskolonie ontwikkelde rond Ernest Hemingway, Ezra Pound, Gertrud Stein, Zelda en F. Scott Fitzgerald, James Joyce en Ford Madox Ford (met wie Rhys een ingrijpende affaire zou hebben).
Het was een periode vol tegenstrijdige gevoelens: er was vaak geldgebrek – ze hadden inmiddels een dochter -, maar als er iets te vieren was, wist Lenglet altijd wel een fles champagne tevoorschijn te toveren. Over de manier waarop hij aan geld kwam, deed hij meestal vaag; niet ten onrechte, want in 1928 wordt hij gearresteerd en wegens verduistering zes maanden gevangen gezet.

Dan volgt een tijd van verwijdering tussen hem en zijn vrouw, en van duizend-en-één baantjes, bijvoorbeeld als correspondent van Het Volk in Londen. Conflicten met de hoofdredactie over de toon van zijn stukken – ‘Het spijt me, maar ik kan niet schrijven met opzijzetting van mijn eigen objectieve opinie en slechts in de geest ener partij… wier geest ik niet ken’, schrijft hij aan zijn vriend Leo Braat – bekorten dat verband tot acht maanden. In die tijd ook verschijnt zijn eerste roman, In de Strik (1932), over zijn verblijf in de Franse gevangenis.

In 1933 leert hij de schrijfster Henriétte van Eyk kennen, met wie hij drie jaar later zal trouwen. Hij helpt het tijdschrift Kroniek van Hedendaagsche Kunst en Kultuur oprichten en is er twee jaar redacteur van, waarbij hij niet zelden kosten en honoraria uit eigen zak betaalt, onder meer voor enkele gedichten van Jean Rhys. Zelf publiceert hij nog de romans Kerels (1933), Muziek Voorop (1935) en Schuwe Vogels (1938).

Tijdens de Tweede Wereldoorlog speelt hij een belangrijke rol in het verzet en bij het voortbestaan van de ondergrondse krant Vrij Nederland. Hij wordt in 1941 gearresteerd en zit in verscheidene gevangenissen en kampen, van najaar 1944 tot de bevrijding in Sachsenhausen; zijn oorlogservaringen legt hij vast in Glorieuzen (1948).
De naoorlogse periode is een tijd van ontgoocheling: zijn werk in het verzet en voor Vrij Nederland wordt nauwelijks erkend, een chronische ziekte bezorgt hem veel pijn en in 1946 gaan Henriétte van Eyk en hij scheiden. Hij krijgt weliswaar enkele onderscheidingen – waarvan één postuum in 1984 -, maar raakt steeds meer in de vergetelheid. In 1961 overlijdt hij aan een hartinfarct.

Het is zacht gezegd opmerkelijk hoe iemand die zo’n grote rol gespeeld heeft – alleen al in de journalistiek, de literatuur en het verzet – en zo veel voor anderen heeft betekend, bijna geheel uit het zicht kan verdwijnen. Maar bijna is niet helemaal. Omdat 1989 het honderdste geboortejaar van Lenglet zou zijn, zette Emile van der Wilk zich aan een biografie [i], waaraan twee grote problemen bleken te zitten. Er was, om te beginnen, geen overdaad aan materiaal. Zoals Van der Wilk in zijn inleiding schrijft: ‘De Nève bewaarde bijna niets, ook geen brieven. Aan het eind van zijn leven was hij zelfs niet meer in het bezit van alle door hem geschreven boeken. (..) De brieven die hij aan zijn vrouw en dochter geschreven had, werden van te persoonlijke aard geacht om ter inzage te geven en konden dus niet gebruikt worden. Hij sprak met hen zelden of nooit over zijn verleden, zodat zij daar weinig informatie over konden geven. Dat geldt ook voor zijn familie, met wie hij al vroeg geen contact meer had.’

De tweede hindernis wordt gevormd doordat Lenglet van jongsaf aan enige mystificatie over zichzelf in het leven riep. Zo beweerde hij graag, dat hij van Franse afkomst was en in Frankrijk schoolgegaan of gestudeerd had. In Wie is dat?, een Nederlandse Who is who?, staat over De Nève: ’1907-1909 Ecole des Beaux Arts Parijs’.

Die problemen heeft Van der Wilk op twee manieren aangepakt. Allereerst door zeer uitgebreid en nauwgezet onderzoek te verrichten en feiten te verzamelen. Daar is hij goed in geslaagd. In tal van bronnen is gezocht naar inschrijvingen, verblijfsdata en dergelijke, zodat goeddeels en vaak tot op de dag nauwkeurig in kaart gebracht is waar en hoe lang Lenglet gewoond heeft en van wanneer tot wanneer hij met wie getrouwd was. En hoewel er vragen en open plekken blijven, zal er voorlopig niet veel nieuws over Lenglet te ontdekken zijn.
Behalve veel feitelijke gegevens heeft dat vasthoudende onderzoek ook nog fraaie en interessante parafernalia opgeleverd. Zoals het exemplaar van de roman Sous les verrous, waarin Lenglet een in het Frans gestelde opdracht had geschreven voor de Amsterdamse advocaat en dichter François Pauwels; dat exemplaar kwam, nog onopengesneden, op een veiling in 1987 in Haarlem boven water. Of de Engelse gedichten van Jean Rhys uit de ‘Kroniek’.
Als tweede bron heeft Van der Wilk het literaire werk van de betrokkenen gebruikt. Daar was voldoende van, want niet alleen hebben De Nève, Jean Rhys en Henriétte van Eyk het nodige geproduceerd, ze hebben ook elk aan een autobiografie gewerkt: Rhys met Smile please (1979), Van Eyk met Dierbare Wereld (1973), De Nève in bijna al zijn werk. Een complicerende factor was echter, dat Lenglet en Rhys samen aan teksten gewerkt hebben en die elk in hun eigen taal als origineel werk hebben uitgebracht. De roman In de Strik, bijvoorbeeld, is door De Nève oorspronkelijk in het Frans geschreven (als Sous les verrous), door Jean Rhys in het Engels vertaald en bewerkt, en vanuit het Engels door De Nève in het Nederlands omgezet.

De invloed van Rhys op het Engelse manuscript moet niet onderschat worden. Zelf schreef ze er, in een brief in 1964, over: ‘I tried to follow the book itself closely, though it had to be cut and arranged a bit’. (lk probeerde het boek nauwgezet te volgen, maar het moest iets ingekort en gewijzigd worden.) Wat dat ‘iets’ inhield, vat Van der Wilk samen met: ‘Zes en een half à zeven duizend woorden werden geschrapt, ongeveer tien procent van het totaal. Bijna geen alinea bleef ongewijzigd’. Bovendien vond Rhys in Londen een uitgever voor het boek, dat in 1933 verscheen als Barred. Het werd verrassend goed ontvangen in de Britse pers: er werden tientallen, merendeels lovende besprekingen aan gewijd.

Bestaat er weinig onduidelijkheid over de rolverdeling bij het schrijven van de drie versies van De Nèves eerste roman, de verwarring over de invloed van Lenglet op het werk van Rhys is des te groter. In 1934 werd de bundel Aan den Loopenden Band uitgebracht, met twaalf verhalen van De Nève en vijf van Henriétte van Eyk. Die van De Nève bleken frappante overeenkomsten te vertonen met delen van het werk van Jean Rhys. Vijf ervan zijn (vrijwel) letterlijke vertalingen van verhalen uit Rhys’ eerste bundel The Left Bank (1927) en drie verhalen zijn terug te vinden in haar roman Postures (l928, in 1973 herdrukt als Quartet).
Eén verklaring voor deze overeenkomsten is die van hun dochter, zoals opgenomen in Van der Wilks biografie: ‘Volgens Maryvonne schreef haar moeder meer dan eens korte stukjes, die De Nève dan onder zijn eigen naam publiceerde. Aan de andere kant verschafte haar vader aan haar moeder onderwerpen voor haar verhalen.’
In diezelfde brief uit 1964 schrijft Rhys: ‘No, I don ’t think he influenced my writing, but he influenced me tremendously which is the same thing. So of course did Paris and my life there with him’. (Nee, ik geloof niet dat hij mijn schrijven beïnvloed heeft, maar hij heeft mij enorm beïnvloed en dat is hetzelfde.’

Zo moeizaam als het verzamelen en verifiëren van de feiten was, zo voor het opscheppen lag dus het literaire materiaal. Daarin schuilt meteen ook het gevaar bij het schrijven van een biografie over een auteur, omdat de verleiding groot is gegevens uit het literaire werk in te passen in het biografische verhaal. Een verleiding die sterker wordt naarmate het feitelijke verhaal meer open plekken vertoont èn naarmate gebeurtenissen, namen, plaatsen en jaartallen geheel lijken overeen te komen met de werkelijkheid. En overeenkomen doen leven en werk van De Nève zeker.

Van der Wilk heeft die verleiding dan ook niet kunnen weerstaan en heeft door het hele boek heen citaten opgenomen, ter illustratie en ter onderbouwing.
Waar dat ter illustratie gebeurt, bijvoorbeeld voor de typering van Lenglets jeugd in het zwaar katholieke Tilburg, is dat nog tot daar aan toe. Maar als uit fictioneel werk als verhalen en romans geciteerd wordt om de correctheid van biografische feiten te bewijzen of versterken, wordt aan de drang de puzzel compleet te krijgen voorrang verleend ten koste van appreciatie van het literair proces.
Enkele voorbeelden: het eerste kind van Rhys en Lenglet stierf jong. Aan de feitelijke informatie daarover voegt Van der Wilk toe: ‘Over dit bezoek aan het ziekenhuis schrijft Jean Rhys in 1939 nog de volgende aangrijpende zinnen in Good Morning, Midnight’, waarna een citaat uit de roman volgt. Of als Lenglet in 1933 in Amsterdam failliet wordt verklaard, schrijft de biograaf: ‘Uit de stukken blijkt dat het faillissement is aangevraagd door mevrouw Ezendam uit Amsterdam (…) Deze mevrouw Ezendam kan niemand anders zijn dan de mevrouw Zedeman (een anagram van Ezendam) van het pension in Schuwe Vogels’.

Zo zijn er tientallen plaatsen waar werkelijkheid en fictie vervlochten zijn, en dat is jammer. Voor elk fictioneel werk is het uitgangspunt: zo zou het geweest kunnen zijn. Een biograaf mag met dat ‘kunnen’ nooit genoegen nemen.

Noot
[i] Emile van der Wilk, Ed. de Néve, schrijver, journalist, verzetsman, 1889 – 1961. De Schaduw, Tilburg, 1989.

Het stuk over Jean Rhys verscheen in de Haagse Post van 19 maart 1977, dat over De Nève in De Tijd van 10 november 1989.

Robert-Henk Zuidinga (1949) studeerde Nederlandse en Engelse Moderne Letterkunde aan de Universiteit van Amsterdam. Hij schrijft over literatuur, taal- en bij uitzondering – over film.
De drie delen Dit staat er bevatten de, volgens zijn eigen omschrijving, journalistieke nalatenschap van Zuidinga. De boeken zijn in eigen beheer uitgegeven. Belangstelling? Stuur een berichtje naar: info@rozenbergquarterly.com– wij sturen uw bericht door naar de auteur.
Dit staat er 1. Columns over taal en literatuur. Haarlem 2016. ISBN 9789492563040
Dit staat er II, Artikelen en interviews over literatuur. Haarlem 2017. ISBN 9789492563248
Dit staat er III. Bijnamen en Nederlied. Buitenlied en film, Haarlem 2019. ISBN 97894925636637




Octave Mirbeau: het gedroomde reisverslag

Een Charron Girardot & Voigt uit 1903

In 1907 publiceerde de Franse schrijver Octave Mirbeau – zie Rozenberg Quarterly 1 aug. j.l. – een boek getiteld La 628-E8. Het is een merkwaardig boek, niet alleen vanwege de raadselachtige titel, ook door de inhoud. 628E8 is het nummerbord van een auto, een Charron Girardot & Voigt uit 1903, waarmee Octave Mirbeau rond 1905 een aantal reizen door het noorden van Frankrijk, België, Nederland en Duitsland gemaakt zou hebben. Het boek oogt op het eerste gezicht als een reisverslag, maar is het dat wel? Waarom wijkt dit boek qua inhoud zo af van het andere werk van Mirbeau? Wat probeert hij de lezer met dit boek duidelijk te maken?

Ongelijkheid
Het Dagboek van een kamermeisje van Octave Mirbeau zal voor veel lezers geen onbekende titel zijn, en anders is men misschien bekend met een van de vier filmversies van het boek. De strekking van dat boek is een aanklacht tegen de sociale ongelijkheid in de samenleving, vormgegeven in dagboekfragmenten van het kamermeisje Célestine. Vanuit haar ondergeschikte positie weet zij zich op de maatschappelijke ladder op te werken tot café-eigenaresse. Eenmaal daar, dan blijkt haar houding tot haar ondergeschikten nauwelijks anders dan die van haar vroegere werkgevers. Zo zie je maar, de kans is klein is dat in maatschappelijke verhoudingen wezenlijk iets kan veranderen, stelt Mirbeau.

Tekening door Pierre Bonnard in La 628­E8

Collagetechniek
Dagboek van een kamermeisje was een rechtlijnige roman volgens de toen heersende literaire traditie, het eerder verschenen Le jardin des supplices (De tuin der folteringen, 1899) was dat zeker niet. Mirbeau plaatste hierin fragmenten in een verschillende schrijfstijl, met verschillende verhaallijnen in een niet-chronologische volgorde. In het boek levert hij kritiek op de Franse binnenlandse en buitenlandse politiek, kolonisatie en de Europese zogenaamde beschavingsvormen.
In La 628E8 past Mirbeau een soortgelijke collagetechniek toe. Ogenschijnlijk is het boek een reisverslag: Mirbeau maakt met een auto met chauffeurmonteur diverse reizen door Frankrijk, Nederland, België en Duitsland. Op niet-chronologische wijze beschrijft hij belevenissen en landschappen, steden, dorpen en personen. Als passagier vanaf de achterbank en tegelijk als deelnemer aan de reis levert hij commentaar op een breed scala aan onderwerpen. Hij schetst de leef-en werkomstandigheden van de arbeidende bevolking in plekken die hij doorkruist, hij reageert op sociale ongelijkheid, bekritiseert het militarisme en fulmineert tegen de kerk en haar instituties en tegen de Europese vorstenhuizen.

Satire
Tegelijkertijd pleit hij voor technische vernieuwingen die de mensheid vooruit zullen helpen in de hoop dat deze een betere wereld dichterbij brengen. Nu eens geeft hij zijn mening, dan weer laat hij iemand die hij ontmoet de kritiek leveren. Aan de ene kant komt hij onomwonden voor zijn opvatting uit, dan weer verbergt hij deze subtiel onder een laagje cynisme of hij draait zijn kritiek juist om en verpakt deze als satire, waarmee hij de lezer op het verkeerde been zet.
Maar is het boek ook werkelijk een reisreportage? Mirbeau zelf schrijft: ‘Maar is het wel een verslag? Is het zelfs wel een reis? Zijn het niet eerder dromen, dagdromen, herinneringen, indrukken en verhalen die niets te maken hebben met de bezochte landen maar die eenvoudigweg in mij werden opgeroepen door het gezicht van iemand die ik ontmoette, een landschap dat ik vluchtig zag of een stem die ik dacht te horen zingen of huilen in de wind?’
Inderdaad levert het verslag geen enkel bewijs dat de verhaalde reizen ook daadwerkelijk zo hebben plaatsgevonden. Mirbeaus verslag kan net zo goed met een Baedeckergids als bron, in zijn studeerkamer tot stand zijn gekomen. Koos hij bewust voor deze literaire vorm omdat de traditionele romanvorm hem te weinig mogelijkheden bood? Wellicht kon hij zo beter aandacht schenken aan zijn maatschappijkritiek, aan observaties van sociale omstandigheden en zijn hoop op verandering van de samenleving.

Religieuze walm
Het commentaar bij zijn waarnemingen is soms geraffineerd, vaak met enige nuance, dan weer recht voor z’n raap, gekoppeld aan gebeurtenissen die een reiziger mee zou kunnen maken. Zijn kritiek op sociale omstandigheden verpakt hij in woorden waaruit een duidelijke sympathie blijkt voor werkvolk als arbeiders, dienstmeiden en bedienend personeel. Wanneer zijn chauffeur het niet zo nauw neemt met het geld van zijn opdrachtgever als hij moet tanken en iets in eigen zak steekt, doet Mirbeau daar niet moeilijk over.
Soms stapt hij in de huid van de heersende elite: hij noemt Frankrijk het land van ‘vooruitgang, edelmoedigheid en vernuft’. De cynische ondertoon is duidelijk want zijn klaagzang over de slechte wegen en de armoedige dorpen en steden in het noorden van Frankrijk, is de weerklank van de werkelijkheid.
België vindt hij niet veel beter. In dat land is sprake van een ‘verziekende, religieuze walm’ die ‘een sombere schaduw werpt’ over het land. Het katholicisme noemt hij een ‘koppig geloof’ waarmee hij zijn afkeer van de kerk laat blijken en Brussel vindt hij een afgrijselijke stad. De Belgische koning leidt volgens hem aan grootheidswaanzin. En wat is er over van het België als arbeidersbolwerk dat opstand en verzet kende? Is het wellicht ingepakt door de als inquisitie opererende priesters en bisschoppen, zo vraagt Mirbeau zich af.

Cynische bespiegelingen
Zijn kritiek op vorstenhuizen en militarisme verpakt hij in een gesprek met een anonieme medereiziger in Duitsland. Hij laat deze fulmineren tegen keizer Wilhelm II, diens militarisme, grootheidswaanzin en afkeer van socialisten.
Andere onderwerpen behandelt hij meer bespiegelend. Opmerkelijk is bijvoorbeeld hoe hij over dieren schrijft. Aan de ene kant schetst hij een gemoedelijke sfeer waarbij dieren in de landerijen grazen, aan de andere kant vindt hij dat koeien, paarden en kippen toch wel dom en paniekerig reageren op het verschijnsel auto. Maar ja, dit is onontkoombaar, want is immers de auto niet het voorbeeld van de vooruitgang? Daar kan dus wel eens iets mis gaan.
Met dezelfde cynische ondertoon trekt hij die lijn door naar de mens. De auto symboliseert progressie en verbetering, en Mirbeau juicht bijna wanneer hij beschrijft hoe heerlijk het is ‘een beest’ te worden in een auto, landschappen aan je voorbij te zien flitsen, over wegen te zoeven, en onderdeel te zijn van snelheid. De mens verliest in een auto weliswaar ieder gevoel voor menselijkheid, maar dat is de consequentie van vooruitgang. Dat moet die domme plattelanders die deze stap vooruit niet accepteren, maar eens duidelijk gemaakt worden. Ze moeten niet zeuren. En wanneer die vooruitgang een mensenleven kost (in het boek sterft een meisje door een ongeluk met een auto), dan is dat sneu, maar zo nu en dan onvermijdelijk.

Vernieuwende kunstvormen
Mirbeau stond open voor radicale vernieuwing, voor positieve veranderingen. Dat blijkt uit zijn artikelen waarin hij zich een aanhanger van het anarchisme toont, maar al eerder uit zijn belangstelling voor vernieuwende kunst en cultuur, zoals het Franse expressionisme, voor het werk van schilders als Paul Signac, Pissaro en Van Gogh. Met het boek La 628E8 sluit hij zich aan bij de vernieuwing in de kunst rond de eeuwwisseling. Literatuur moest immers niet een behoudend, statisch karakter hebben, niet krampachtig vasthouden aan tradities vond hij, maar juist doorbrekend zijn en nieuwe vormen ontdekken. Zij moet andere richtingen aanboren en open staan voor andere kunstvormen. Mirbeau doet dat met La 628E8 door observaties van de dagelijkse werkelijkheid en een kritische maatschappijbeschouwing te vermengen. Niet in de vorm van een pamflet of een vlammend artikel, maar door dit subtiel als reisverslag te verpakken om zo een ander lezerspubliek te kunnen trekken. Hij speelde bovendien handig in op de in de negentiende eeuw ontstane belangstelling voor het (literaire) reisverslag.

Ontdekkingsreizen
In een periode van innovatieve ontdekkingen op het gebied van wetenschap en techniek en nieuwe richtingen in politiek, filosofie en cultuur, paste interesse voor andere landen, continenten en culturen. Er bleek vraag te zijn naar op papier gezette verslagen en beschrijvingen van reizen naar nauwelijks ontdekte streken en landen, maar ook naar dichter bij gelegen gebieden (bijv. Henry James, A Little Tour of France, 1884). Dit was voor het gemiddelde lezerspubliek onontgonnen terrein en vrijwel onbereikbaar vanwege de beperkte financiële middelen en de geringe reismogelijkheden in die tijd.
Zo schreef Goethe al in 1816 een verslag van een reis door Italië en al in de achttiende eeuw beschreven Samuel Johnson en James Boswell hun tochten door Schotland. In de negentiende eeuw verschenen serieuze verslagen van ontdekkingsreizen door Siberië, India, de Arabische landen en Afrika. Ook ontstond het fictieve reisverhaal, soms in de vorm van een (utopische) avonturenroman, zoals Gulliver’s Travels (1726) van Jonathan Swift dat al was. Ook een titel als Heart of Darkness (1902) van Joseph Conrad, werk van Robert Louis Stevenson en zelfs van Karl May passen in dit genre.

Avonturenverhalen
De tegelijkertijd toenemende frequente verschijning van goedkope lectuur, zoals populaire geïllustreerde tijdschriften waarin vaak sensationele reis- en avonturenverhalen werden opgenomen, zorgde voor een toename van het lezerspubliek. Met La 628E8 schaarde Mirbeau zich doelbewust onder de auteurs van het reisverhaalgenre. Zijn verslag heeft weliswaar geen opzienbarend karakter, maar precies daarom sloot het aan bij de dagelijkse werkelijkheid van lezers, die hij hoopte niet alleen enigszins in verwarring te brengen, maar toch zeker aan het denken te zetten.

Bronnen:
Een (gedeeltelijke) Nederlandse vertaling van La 628E8, met illustraties van de kunstenaar Pierre Bonnard verscheen als Bonnard, Schetsen van een reis. Uit het dagboek van Octave Mirbeau ‘La 628E8’. Met illustraties van Pierre Bonnard, Bloemendaal 1990.
Nummer 198 van het tijdschrift De AS (2017) is geheel aan Mirbeau gewijd.